A l’origine de nos croyances éphémères…

A l’origine de nos croyances éphémères…

J’appartiens à une génération de Mauritaniens qui a grandi aux rythme des éditoriaux intitulés  » ce que je crois  » de Bechir Ben Yahmed .

Pour moi , cette croyance affichée remonte à la première moitié de la décennie des années 70,.

A l’époque de l »ecole fondamentale à Akjoujet , elle faisait partie de ces merveilleuses lectures qui nous guidaient dans le monde de la politique, réputé , à tort ou à raison, être le domaine réservé des Grands.

Jeune Afrique, lui-même, bien avant de devenir  » l’intelligent  » , avait réussi à intégrer notre univers familier.

Je ne me souviens pas , exactement , des raisons de l’atterrissage régulier de divers numéros de ce journal captivant par ses photos et ses titres , dans notre maison familiale.

Je crois que c’était l’effet d »un certain snobisme , alors, en vogue chez l’élite branchée. En effet, le fait de visiter des parents et amis avec un journal à la main quitte à l’oublier abandonné., était perçu comme le signe de l’appartenance à la classe des  » Émancipés «  »

. Mais je me rappelle que Jeune Afrique était exposé en vente , au kiosque du super marché de Michel Bitar et que je ne manquais jamais de jeter un coup d’oeil sur sa splendide couverture quand je venais pour acheter  » les aventures  » de Tarzan , de Zembla , de blek le rock et autres bandes dessinées genre Pif ou Picsou .

Je me souviens, également, de l’un des premiers numéros que j’ai à eu consulter lequel contenait la photo d’une famille de Nouadhibou dont les enfants portaient tous les noms des dirigeants des pays arabes .

Je me souviens de plusieurs titres de cette haute époque dont l’un annonçait, je crois , une interview du Président Mokhtar ould Dadah en ces termes :  » l »erreur est humaine, seul Dieu n’en commet pas «  » .

Je me souviens, surtout, de la photo de Bechir Ben Yahmed lequel m’impressionnait ave son style d’habillement au pull-over col roulé.

Grâce, à son journal, nous avons appris à connaître les pays africains , leurs capitales, leurs dirigeants, les principaux problèmes de l’Afrique , les manifestations culturelles et sportives etc .

Il a , largement contribué à la vulgarisation des idées tiers-mondiste et à la construction du discours contre le néocolonialisme.

Certes , il y’a eu , cette division de l’Afrique entre les deux blocs  » progressiste et réactionnaire  » et il fallait , à l’époque prendre position pour jeune Afrique de BBY ou pour Afrique Asie de Simon Malley .

Le premier était soupçonné de virer à droite tandis que le second était celui de la gauche africaine mais ceci est une autre histoire.

Il y’a eu aussi ces incontournables liaisons dangereuses , ou du moins suspectes , entre le journal et certains pouvoirs africains qui ont valu à jeune Afrique une grave accusation relayée par le Canard enchaîné sous le titre calomnieux de ‘ jeune à fric « 

Néanmoins, tout ceci n’a pas affecté le prestige historique du journal qui a accompagné les pays africains depuis leurs indépendances et qui a fait rêver la jeunesse africaine.

Je crois que de nombreux africains de ma génération gardent en mémoire le nom devenu mythique de l’avenue des Ternes dans laquelle se trouvait l’ancien siège de jeune Afrique.

D’ailleurs, je me souviens que lors de mon premier séjour à Paris, j’ai tenu , en guise de pèlerinage touristique , à voir cet endroit qui a été gravé dans la mémoire de  » mon enfance africaine » .

Je crois que le patriarche de la presse africaine à été, par son inlassable plume , à l’origine de la plupart de nos vieilles croyances de jeunesse .

Mais , par-delà , les croyances ephémères, je crois en tant que Musulman à ce que doivent croire les Musulmans à savoir que son voyage dans l’éternité est une occasion de prier pour le salut de son âme , pour qu’Allah l’entoure de sa grâce.

Toutes mes condoléances à sa famille et à l’équipe de Jeune Afrique. ..

اللهم ارحمه واغفر له ..

Abdel Kader Ould Mohamed

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