Affaire Fillon : Les Républicains « choqués » par les déclarations de l’ex-chef du Parquet national financier

Trois ans après la défaite de François Fillon dès le premier tour de la présidentielle, le traumatisme reste vif. Certains réclament des « suites pénales », d’autres une réflexion sur « l’indépendance de la justice ».

François Fillon et son épouse Penelope quittent le Palais de justice de Paris, le 27 février.
François Fillon et son épouse Penelope quittent le Palais de justice de Paris, le 27 février. STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Les médecins le savent bien, on ne se remet jamais complètement d’un traumatisme. Pour le parti Les Républicains (LR), la défaite de François Fillon dès le premier tour de l’élection présidentielle en 2017, qu’ils imputent en grande partie à l’éclatement de « l’affaire Penelope » (du nom de la femme de l’ancien premier ministre accusée d’avoir occupé pendant des années à son côté un emploi présumé fictif), est de ces chocs-là.

Depuis que l’ancienne patronne du Parquet national financier, Eliane Houlette, a déclaré sous serment avoir subi des « pressions » lors de cette enquête si sensible, la colère des ténors de la formation de droite ne retombe pas. Ceux d’entre eux qui pensent depuis le début que les dés étaient pipés et que « rien n’aura été épargné à François Fillon », selon les mots d’un soutien de l’ex-candidat, ont vu dans ces propos une confirmation de leurs craintes.

Entendue le 10 juin dans le cadre d’une commission parlementaire consacrée à l’indépendance de la justice, l’ancienne procureure a dénoncé de « très, très nombreuses demandes » et un « contrôle très étroit »¨du parquet général, sous la tutelle duquel elle se trouvait.

La magistrate a beau s’être émue dans une déclaration à l’Agence France-Presse, vendredi, que ses propos avaient ét騫 déformés ou mal compris », elle a réveillé la blessure mal cicatrisée de la droite. Un traumatisme d’autant plus difficile à effacer qu’il s’agissait là d’un prélude à une série d’échecs électoraux.

« Un séisme »

Comprenant le potentiel caractère explosif de ces déclarations, le président de la République a décidé, vendredi soir, de saisir le Conseil supérieur de la magistrature afin de vérifier que l’enquête concernant l’affaire Penelope Fillon avait bien été menée¨« en toute sérénité, sans pression ».¨« Une bonne chose », explique le député (LR) des Alpes-Maritimes Eric Ciotti, qui avait rédigé une lettre demandant cette saisine et l’avait adressée à Emmanuel Macron dès jeudi. Comme nombre de cadres du parti, M. Ciotti considère les déclarations de la magistrate comme¨« un séisme ».

« Choqué »¨par ces révélations, mais¨« pas pour autant surpris », l’élu y voit surtout la¨« confirmation d’une intuition » : l’affaire de l’emploi présumé fictif de Penelope Fillon était, selon lui,¨« avant tout politique, avant d’être judiciaire »« Rien dans cette histoire ne s’est déroulé de façon normale,¨s’emporte-t-il.¨Empêcher un candidat en tête dans les sondages n’est pas digne d’une démocratie. »¨Et le député de s’interroger, un brin provocateur :¨« Qu’aurait-on dit si Poutine avait fait la même chose ? »

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Par Sarah Belouezzane Publié aujourd’hui à 03h46, mis à jour à 11h15


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