Algérie: des dizaines d’interpellations lors des marches du Hirak

Les marches du mouvement pro-démocratie du Hirak en Algérie ont été marquées vendredi 26 mars par des dizaines d’arrestations à travers tout le pays, selon des organisations de défense des droits humains.

La Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) a fait état de «dizaines d’interpellations dans plusieurs wilayas (préfectures) à Alger, Blida, Tiaret et Relizane». La plupart des personnes arrêtées ont été relâchées en fin de journée, a-t-elle précisé. «La LADDH, tout en exprimant sa pleine solidarité avec le mouvement Hirak, dénonce cette répression et réitère son appel à l’arrêt de la répression et de la diabolisation du Hirak, et rappelle le respect des libertés publiques et des droits humains», a affirmé le vice-président de la Ligue, Saïd Salhi.

À Alger, le militant hirakiste Mohamed Tadjadit, un ex-détenu, et trois étudiants ont été arrêtés à la fin de la manifestation hebdomadaire qui a rassemblé des milliers de personnes dans le centre de la capitale, a indiqué le Comité national de libération des détenus (CNLD), une association de soutien aux prisonniers d’opinion. «Le militant et poète Mohamed Tajadit arrêté à la fin de la manifestation (…) dans la rue Didouche Mourad à Alger-centre, et embarqué dans une Toyota blanche, aucune nouvelle de lui», a tweeté le journaliste indépendant Khaled Drareni.

Par ailleurs, les forces de l’ordre ont dispersé, en faisant usage de spray de gaz liquide, les manifestants à Oran (nord-ouest) ainsi que dans la ville voisine de Mostaganem dès le début du défilé, a précisé à l’AFP un journaliste local sous couvert de l’anonymat. Des marches ont également eu lieu à Tizi Ouzou, Bouira et Béjaïa, villes de Kabylie (nord-est), ainsi qu’à Constantine et Annaba (est), selon des images diffusées sur les réseaux sociaux. Les rassemblements sont en principe interdits en raison de la pandémie de Covid-19.

Des slogans hostiles au pouvoir et à l’armée

Comme chaque vendredi depuis la reprise du Hirak le 22 février, les protestataires –dont le nombre est difficile à évaluer en l’absence de chiffres officiels– ont lancé des slogans hostiles au pouvoir et à l’armée, le pilier du régime. Ils ont fustigé la décision du président Abdelmadjid Tebboune d’organiser des élections législatives anticipées le 12 juin pour tenter de répondre à la grave crise politique et socio-économique qui ébranle le pays le plus peuplé du Maghreb. «Pas d’élections avec la Bande (au pouvoir)», a scandé le cortège dans les rues d’Alger. «L’Algérie est le seul pays au monde à vouloir organiser des élections sans peuple», a déploré un manifestant, Aziz Boucheban.

Face à la contestation populaire qui persiste, malgré des divisions, le régime apparaît déterminé à appliquer sa «feuille de route», à savoir le recours à un 3e scrutin depuis la fin 2019, en restant sourd aux aspirations du Hirak et alternant gestes d’apaisement et répression. La présidentielle de décembre 2019 et le référendum constitutionnel de novembre 2020 ont été sanctionnés par des taux d’abstention record.

Le Figaro avec AFP

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