Contribution: Le drame des élites en Mauritanie…

Le drame des élites en Mauritanie, c’est qu’elles se métamorphosent quand elles accèdent à des responsabilités importantes.
Je connais un fonctionnaire, à la base progressiste, intègre, simple, et assez sympathique, issu d’un milieu économiquement modeste, qui s’est retrouvé du jour au lendemain parachuté par Ould Abd El Aziz à un poste ministériel.


Très rapidement, il a pris conscience qu’il appartient à un ensemble tribal important et qu’il peut devenir lui aussi quelqu’un de très important dans sa propre tribu, ce qu’il n’a jamais envisagé auparavant.
Pour aspirer à être porté par celle-ci, afin de se maintenir à son poste ministériel, voire évoluer, il a compris qu’il doit renvoyer l’ascenseur et rendre des services aux notables de sa tribu. Son entourage social lui fait croire que c’est un génie. Il s’est dit lui-même que s’il occupe une telle position, c’est qu’il il doit l’être effectivement. Par conséquent, il doit cesser d’être simple pour être crédible. Dans notre société, quand tu es simple, tu n’es pas crédible et les gens ont tendance à respecter plus les responsables qui ne sont pas simples.
Il comprend aussi que la prédation est considérée comme quelque chose de positif au sein du système et que le respect par les autres va dépendre de sa capacité de braconnage des deniers publics. Il a donc commencé par s’enrichir et enrichir les membres de l’oligarchie, en leur offrant des opportunités. Depuis, il nomadise sans discontinuer entre les hauts postes de l’Etat. Il a renouvelé son cercle d’amis, désormais limité aux membres de la classe dominante et collectionne les villas, les 4×4 plus ou moins inutiles et les cheptels en tous genres…
Je vous laisse apprécier cet exemple qui interroge la relation entre la tribu et l’Etat, l’autonomie des élites par rapport à leur entourage social et la prédation des ressources publiques, à la base de la longévité politique.

Mohamed El Mounir

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