Décryptage : le volcan / Par Ahmed Ould Bettar 5e partie

Des foyers responsables de l’irruption du volcan

Dans notre dernière livraison, relative à notre lecture de l’actuel baromètre politique ou autrement dit dans le jargon que nous avions toujours voulu donner à ; l’interminable impasse politique en assimilant ses hauts et ses bas, aux phases éruptives et de repos d’un volcan, nous avions évoqué la part des responsabilités des Indépendants dans les malformations enregistrées par l’espace politique national depuis leur apparition.

Mais, au fait, ils ne sont pas les seuls responsables du statu quo politique, voire même pas les premiers foyers à l’origine de cette crise politique que nous continuons de vivre depuis bientôt 3 ans.

En effet, les partis politiques ont joué quant à eux beaucoup dans le pourrissement de la situation politique arrivée aujourd’hui à son point culminant avec des formations ennemies rassemblées au sein du parti Etat ou de la Coordination de l’Opposition Démocratique, toutes jetant la responsabilité de l’impasse politique sur l’autre, comme cela se vérifie aux dernières échauffourées verbales de leurs meetings respectifs tenus dans la capitale économique.

En effet, ces partis dépourvus de projet de société fiable, créés autour d’individus et non sur la base de programmes socioéconomiques fiables et ambitieux, sont qualifiés par des analystes avertis de virus politiques dangereux, créés par des lobbys ou des groupuscules tribaux, régionaux ou ethniques pour semer la diversion et pour être utilisés à des fins lucratives comme fonds de commerce qui rapportent gros.

Ce portrait assez concis montre bel et bien, que les partis mauritaniens ne sont pas fondés sur des bases saines, qu’ils ne font pas de leur priorité la réalisation des attentes des citoyens, qu’ils ne sont que des électrons qui tournent autour de l’orbite qu’est le pouvoir, pour le soutenir ou le critiquer en vue d’obtenir des strapontins.

Les gros partis changent au jour le jour et chaque président qui a la chance de diriger le pays, commence en premier à créer sa propre formation, bien qu’au temps de la campagne électorale visant son élection, il lui arrivait de jurer d’être éloigné de la politique.

Ould Taya avait son Prds, Sidioca son Adil et Ould Abdel Aziz son Upr. Chacune de ses formations parvenait à elle seule à noyauter plusieurs autres petits partis, pour former ce qu’on appelle communément la majorité.

Ces partis ont également la particularité de basculer dans l’opposition, s’ils se sentent peu greffés sur le pouvoir. C’est le cas de l’Ufp et de l’App qui étaient en bons termes avec Sidioca, mais également de Adil qui n’avait pas fait long feu à la tête du pays.

L’ex Prds, reconverti en Prdr avait soutenu la fronde contre Sidioca avant de rejoindre la majorité favorable à Ould Abdel Aziz.

Mais, actuellement, il se vide de plus en plus de ses hommes avec les forts départs du maire de Tevragh-Zeina Mint Abdel Malick et de Ould Merzoug vers l’Upr.

A part Mint Hideid et Ghrini, le Prdr n’a plus les forces qu’il avait il n y pas longtemps, éclaté du fait de l’absence d’un programme clair et d’un positionnement précis capable de préserver ses rangs.

La gestation de l’Upr a coûté à Ould Abdel Aziz la perte de la moitié de son mandat politique… Et ce n’est pas fini… La mascarade continue.

Vraisemblablement, cette particularité confuse des partis politiques serait sans doute à l’origine de tous les problèmes que nous connaissons actuellement et qui expliquent à bien des égards pourquoi, le pays n’arrive pas à être en présence d’un jeu politique sain, constructif et autoentretenu.

Les partis politiques sont également caractérisés par le nomadisme de leurs grandes figures qui se déplacent entre les formations politiques, comme les animaux dans leurs recherches des pâturages les plus verdoyants et les herbacés.

Cette situation politique regrettable explique parfaitement pourquoi on constate une certaine paralysie des institutions politiques, dont le fonctionnement est souvent confronté à des blocages sérieux, qui se répercutent négativement sur leur bonne gestion administrative, économique et sociale.

Si on se limite à la lecture de l’Upr, ce parti dit parti Etat, dont l’implantation vient de se terminer et dont la tenue du premier congrès national n’est plus qu’une question de jours, on constate qu’il a coûté à son chef spirituel Ould Abdel Aziz, presque deux ans de son mandat, passé dans des rivalités stériles, des actions sans importance aucune dans la réalisation du programme électoral du président.

En effet, au lieu de se retrouver devant une force politique orientée vers la satisfaction des attentes de l’opinion publique, on se trouve devant un parti qui reste indifférent devant la flambée des prix, la tension sociale entre dockers et hommes d’affaires, le procès des islamistes, les problèmes de santé, de l’éducation, les bas salaires et le chômage …

Pourtant, dans un pays où les partis politiques au pouvoir sont dignes de cette appellation, le président et le gouvernement sont contraints de répondre de toutes leurs actions et de se plier à la ligne politique de leur formation.

Exactement le contraire de ce qui se passe ici, où les partis se confondent avec les hommes qu’ils soutiennent au point de mettre à dos le projet de société de leur idole pour se consacrer à faire les éloges du chef.

Lire : Décryptage : le volcan / Par Ahmed Ould Bettar

Pourtant, en Mauritanie, le chef qui n’est autre qu’Ould Abdel Aziz, a bien demandé à l’Upr de se consacrer à sa mission et de ne pas faire perdre son temps à dire « notre président a fait tel, notre président a fait ceci et réalisé cela ».

Pour parer à ces insuffisances très humiliantes, le parti au pouvoir doit changer de discours politique et de tactique au lieu de nourrir la tension politique qui l’oppose à la COD et auquel, il n’a de réponse que celle « du berger à la bergère ».

Un parti politique décrié dans la discrétion par ses pontes, dont certains membres du gouvernement pour son manquement aux principes, doit tout simplement être dissout, car, depuis qu’il est question de l’Upr, le pays passe de problème à un autre, sans que cette formation, par devoir d’éthique, ne reconnaisse qu’il en tel, prenant les erreurs du pouvoir comme des prouesses et les succès de l’opposition comme des défaites de celles-ci.

Le volcan refait surface !

Après une période de répit apaisé bien appréciée par les acteurs politiques dans leur ensemble et les populations en raison de plusieurs facteurs positifs dont le succès de la table ronde de Bruxelles et la proposition de dialogue exprimé par les pouvoirs publics, accueillie à bras ouverts par certains leaders de l’opposition, la reconnaissance du RFD des résultats des élections 2009, le volcan politique reprend ces jours ci plus d’intensité.

Chose toute a fait surprenante en ce mois de grande piété du mois béni du ramadan.

En effet, alors que l’opinion s’attendait à un refroidissement du magma politique, une hibernation des larves, le pouvoir et l’opposition montrent aujourd’hui les mêmes visages hideux qu’on leur reconnaît depuis le début de la première secousse, cherchent chacun de son coté à raviver la tension et à envenimer des rapports jamais arrivés au beau fixe.

Le pouvoir a très clairement exprimé cette attitude lors de la conférence organisée par l’homme fort de Nouakchott, au cours de laquelle, il a écarté toute possibilité de se référer à l’Accord de Dakar.

Aussitôt, la réaction de l’opposition n’avait pas tardé pour accuser Mohamed Ould Abdel Aziz de manquer à ses promesses.

La Coordination de l’opposition (COD) ne s’est pas limitée seulement à ce point de la conférence de presse.

Au contraire, elle a exigé à la fois des explications claires sur le sort réservé aux financements investis dans le Basep et le Premier ministère.

Des mutations nouvelles autres que la réclamation par la COD pour une enquête sur le raid franco-mauritanien au Mali et sa condamnation du caractère de la Franc africanité des relations franco-mauritaniennes, on note à ce titre les querelles intestines qui minent les rapports institutionnels du département des affaires étrangères divisé en deux et à sa tête deux dames de fer aux rôles diamétralement opposés.

La réalité n’échappe à personne avec ses tiraillements puissants observés entre les services d’un ministère confiés à deux dames par nature jalouses dont chacune veut protéger son domaine de compétences des caprices de l’autre.

Coumba résiste tant bien que mal mais souffre encore de l’absence d’un fort appui pour mettre Naha dans ses frontières.

Tous ces facteurs réunis au premier jour du ramadan montrent que le volcan politique se moque même des impératifs religieux pendant ce mois de tolérance et de paix.

Autant se demander si cette récente irruption fougueuse continuera à s’élever au-delà du ramadan. Prions pour que tout cela cesse.

Les pauvres opprimés dans leurs plus derniers retranchements : Où est donc celui qui se prévale d’en être le président

N’est pas n’importe qui, peut prétendre dans notre monde sauvage et inhumain d’aujourd’hui être bienfaiteur, généreux, à fortiori soutien ou président des pauvres ; à moins qu’il ne s’agisse de quelques cupides politiques soucieux de puiser chez ce grand réservoir des voix pour être élu, dés lors où l’on est convaincu que cette population de démunies et de nécessiteux peut plébisciter l’homme qui pour elle incarne la fin de ses désespoirs.

Lire aussi: Décryptage : le volcan / Par Ahmed Ould Bettar 2e partie

Décryptage : le volcan / Par Ahmed Ould Bettar 3e partie

C’est ce que les centaines de milliers de citoyens mauritaniens ont vu le 18 juillet 2009 chez Mohamed Ould Abdel Aziz, qui venu à leur rencontre dans les bidonvilles, dans les adwabas, gazras et villages s’était proclamé le sauveur des pauvres des régimes de la gabegie et de l’exclusion.

Mais malheureusement, après une année de la gestion du pays, Ould Abdel Aziz qui fait de son mieux pour incarner cette image du président des pauvres, n’arrive pas à matérialiser cet objectif, qui selon des analystes rodés à la longévité des systèmes politiques estiment que ce sont les masses de moufsidines qui se dressent avec toutes leurs forces contre la réalisation d’un tel but.

Pour donner un portrait frappant de cette interprétation contradictoire du concept du « président des pauvres », rendons nous au marché des poissons ou des fourneaux comme disent certains, qui se trouve à la limite des jardins séparant Sebkha du reste de la capitale.

Un visage hideux, traduisant l’anarchie véritable de la violence et de la répression administrative s’est traduit ce mardi 17 août sous nos yeux, avec cette opération d’évacuation menée conjointement par des éléments de la gendarmerie, de la garde et des agents de la Communauté Urbaine de Nouakchott, qui se sont abattues avec leur bulldozer sur les maigres étales de légumes ou de poissons des pauvres vendeurs des lieux.

Des vendeurs qui sont tous originaires des communautés harratines et négromauritaniennes, puisant régulièrement à la sueur de leurs fronts, grâce à des petits métiers informels, leur source de vie, loin des tracasseries politiques et du triste sort de la main tendue.

Des évacuations dont les soins ont été bizarrement confiées à un bulldozer que des témoins ont confirmé la similitude à celui qui a démoli les maisons des pauvres à Kiffa où l’anecdote populaire convient qu’il n’y a dans cette ville de l’intérieur du pays que « Rajlein », littéralement « deux puissants », dont « Samba Talli » (bulldozer) et Ould Boilil, avec la précision que c’est bien le dernier qui donne les ordres de ratissage au premier.

Ces évacuations opérées en ce contexte politique de soutien des pauvres ont-elles d’autres buts que de priver des pauvres de leur moyen de survie ? Pas forcément, à moins que ne servent d’autres desseins dissimilés que seuls les spéculateurs de l’affairisme mauritanien sans frontières peuvent sentir à des milliers de là.

Toujours est-il qu’à la première interprétation de ce portrait choquant, humiliant et désolant, le président des pauvres, censé les défendre là où ils sont, n’est pas au courant de ce qui se passe à moins d’un km du palais présidentiel.

Le politique l’emporte sur le social

Les partis politiques rassemblés au sein de la COD avaient organisé au courant de la semaine un diner débat, autrement dit, une invitation de partage du repas de rupture de jeun, au profit des journalistes de la presse locale et internationale.

Cette rencontre caractérisée par des avis gais, ouverts et francs, avait été l’occasion d’une conférence de presse au cours de laquelle plusieurs questions liées à l’avenir de la nation ont été soulevées.

Parmi ces interrogations , il y a certaines ,comme celles posées par notre confrère Ahmed Ould Bettar de Rapide info Mauritanie qui ont porté sur la législation antiesclavagiste toujours au stade théorique , à l’équation du passif humanitaire et au retour des réfugiés dont les espoirs de nombreux citoyens commencent à se dissiper , depuis que les Ong et militants des droits humains mobilisés pour son règlement définitif ont compris le piège politique tendu par les nouveaux dirigeants pour faire cesser la grogne et la revendication légitime du rétablissement des refugiés dans leur droit absolu.

Il y a aussi cette question soulevée par Ould Bettar relative sort réservée au dialogue politique qui était prêt de s’engager sur les rails.

Répondant à cette question, le Président sortant de la COD, Boidiel Ould Houmeid a clairement accusé le Président de la République d’être à l’origine de son blocage en disant au cours du Chat télévisé organisé à l’occasion de la célébration de la première année à la tête du pays, que « ce n’est pas du coran » qu’il faut appliquer strictement.

Allant dans la même lancée, le porte _parole de l’Ufp et actuel Président par intérim de la COD ? Ba Boubacar Moussa a indexé Ould Abdel Aziz d’atteinte au droit.

Bien que le 23 aout , nous célébrons à l’instar de la communauté internationale, la Journée Internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition , les questions relatives à l’esclavage, au passif humanitaire et aux réfugiés ont semble-t-il suscité peu d’intérêt de la part des leaders de la COD dont les réponses ont tourné autour de la hausse de prix, la solidarité avec les proches du disparu Rachid Moustapha, ancien candidat à la présidentielle 2007 , l’accord de Dakar et l’interprétation que chacun veut lui donner.

Messaoud Ould Boulkheir qui attendait peut-être que l’un de ses collègues de la COD aborde ces questions a demandé le micro et présenta que l’esclavage, le passif humanitaire et le retour des refugiés occupent une place prépondérante dans l’action de son parti rappelant que ces questions qui sont au centre de tous les problèmes du pays ne peuvent pas être ignorées.

On aurait pu affirmer cette déduction des questions de la conférence de presse si le chef de fil de l’opposition et président du RFD et son homologue de l’UFP étaient présents à ce débat ?

Ceci est d’autant plus vrai si l’on sait que pour Ould Daddah et Ould Moloud le passif humanitaire a toujours été pour eux un cheval de bataille.

On ne peut terminer sans dire un mot sur l’intervention très appréciée du Président du Plej ? Mamadou Alassane qui a rappelé les vertus du dialogue, s’étonnant pourquoi aujourd’hui, il y a toujours des abonnés absents à toute initiative de concertation.

Le sapeur-pompier onusien fait face aux irruptions sporadiques

Le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies (ONU) en Afrique de l’Ouest, Said Djinit, est arrivé hier à Nouakchott pour une visite de travail de quelques jours en Mauritanie. Rien qu’à se souvenir de son rôle dans les débuts de l’impasse politique nationale, on peut déjà considérer son come-back comme une ultime tentative, dont seuls les sapeurs pompiers savent le secret, pour faire le point sur le volcan politique mauritanien, qui, malgré des périodes de répit, se réveille brusquement, pour cracher des larves incandescentes sur son cratère, présageant constamment des irruptions de portée plus grande.

Ceci est d’autant plus vrai si l’on sait que les facteurs exogènes comme l’intensification du terrorisme, la crise économique mondiale, les inondations , le chômage parmi les jeunes, la traite des êtres humains; l’insécurité au niveau des zones frontalières, le trafic des stupéfiants, la prolifération des armes, les questions liés aux droits humains notamment en ce qui concerne l’esclavage, le retour des réfugiés , le passif humanitaire et notre Diaspora exilée à l’intérieur du pays et à l’étranger n’ont pas pu calmer les ardeurs du volcan, qui continue de bouillonner son contenu magmatique de plus belle.

Ceci est d’autant plus vrai que malgré le soutien qu’apporte l’émissaire onusien pour permettre une communication adéquate entre les parties prenantes de l’ACCORD DE DAKAR ou pour promouvoir la coopération avec toutes les équipes de secours ; le volcan continue de se foutre complètement de l’appel à la raison politique.

Comme cela fut d’ailleurs très bien montré par Le chef de file de l’opposition, qui, parfaitement conscient de la menace terroriste et de la portée de cet attentat suicide manqué de Néma, a sagement décidé de tourner à jamais la page de la fronde politique, suscitant un grand élan d’admiration parmi les mauritaniens pour cette décision courageuse.

Les autres leaders politiques, même si pour Boidiel d’El Wiam et Ould Waghf d’Adil, l’apaisement politique n’est pas chose impossible, la présence récente de Messaoud Ould Boulkheir à la cérémonie de prêter serment du président de la commission de transparence de la vie publique, est un indicateur positif qui augure des nouvelles orientations moins belliqueuses entre le pouvoir et l’opposition.

L’autre élément non négligeable de cette nouvelle tendance politique qui se dessine à l’horizon et qui pourra fraterniser enfin les politiques mauritaniens, c’est la désolation du président de la république d’avoir toujours défendu un gouvernement indéfendable jusqu’à dire « oui au dialogue, mais non pour toute prétention au partage du pouvoir ». Avec le dernier limogeage de Ould Dadde, Ould Abdel Aziz a sans doute réalisé qu’il s’est fait aidé par des dévergondés plus dangereux que les opposants, car toujours affichant ces dents de lion.

Tout ce tableau permet donc de dire que la mission de l’envoyé onusien intervient actuellement dans un contexte, on ne peut plus favorable pour amorcer l’ouverture, unir les mauritaniens pour qu’ils puissent regarder l’avenir avec plus de sérénité.

C’est tout à fait vrai étant donné qu’on n’est plus à l’ère des propos enflammés du pouvoir et de l’opposition du type « le général putschiste », les élections truquées », du « non » au partage du pouvoir ou du niet à l’Accord de Dakar.

De part et d’autre du cratère du volcan, chacun est convaincu aujourd’hui de l’utilité de l’autre, du devenir commun, de la nécessité de mollesse politique.

C’est sans doute ces sentiments que l’émissaire onusien a pu sentir chez les anciens pôles politiques, exprimant déjà sa satisfaction et son optimisme de préparer le terrain de la réconciliation politique en ces temps inédits du volcan politique.

Tout autre positionnement divergent ne ferait que faciliter à l’AQMI et autres ennemis du pays, soient-ils des Etats, des sociétés ou un Mauritanien d’adoption, à s’immiscer dans nos affaires, à attiser les différences et à pousser les mauritaniens à s’entretuer, avant même que le volcan n’opère ses irruptions mortelles.

Biram, l’espoir des sans voix en Mauritanie

Ils ne sont pas des milliers, ces défenseurs des droits de l’homme dont la Mauritanie a grand besoin pour instaurer une véritable justice sociale, qui met définitivement un trait sur les clivages ethniques et les discriminations entre les communautés.

Ils ne sont pas également nombreux ces Marthin Luther King et Nelson Mandela qui sacrifient leur vie et leur profession pour l’émancipation des couches opprimées, coûte à faire l’objet de toutes les marginalisions et sévices psychologiques et professionnelles exercés sur eux par les dirigeants pour fléchir sans succès leur épine, puisant d’ailleurs ses forces et énergies de la conviction de rester fidèles à cet espoir des sans voix que se font aujourd’hui beaucoup de haratines sur la personne de Biram Ould Dah Ould Abeid.

Mais, un jour viendra où l’avenir lui donnera comme Mandela raison de son noble combat, qu’il poursuit avec toute la responsabilité requise, loin de toute surenchère, de tout trouble à l’ordre et dans un cadre de conscientisation permanente de l’Etat vis-à-vis de ses responsabilités de traiter tous les citoyens sur le même pied d’égalité.

Les intimidations contre Biram n’ont jamais manqué et toutes les thérapies même mensongères et créés de toutes pièces sont bonnes pour le démoraliser, mais rien n y fait. Interdiction de son mouvement abolitionniste, licenciement de la Commission nationale des droits de l’homme, toutes ces épées de Damoclès ont été brandies par les services et partisans du pouvoir contre l’homme pour le discréditer, l’avilir parmi les siens, mais c’était peine perdue.

De ces rudes épreuves, Biram est plutôt sorti plus que jamais déterminé à poursuivre son combat pour l’avènement de la justice sociale, suscitant du coup par son courage et sa ténacité à l’émergence d’autres Biram, jusque-là « bouche-cousue » qui ont vu dans son défi, l’occasion de parler des nombreuses violences subies par eux et par leurs communauté aussi bien en termes politiques que socioéconomiques.

C’est « si le peuple veut vivre, il doit affronter le destin » disait le poète « itha chaabou yewman erada el hayat vela boude en yestejiba el ghadar ».

Ainsi, la seule flamme qui reste allumée et que rien ne pourra éteindre dans l’espace des droits de l’homme en Mauritanie restera incontestablement Biram, qui s’il veut que les haratins jouissent de la plénitude de leurs droits, ne nourrit aucune animosité contre les autres communautés qu’il défend avec toutes ses énergies quand il le faut.

C’est donc l’unique flamme du volcan qui ne peut être éteinte par des nominations, de l’argent ou de toute autre chose, que rien ne pourra stopper dans sa marche vers l’idéal de justice sociale entre tous les mauritaniens.

Lire egalement : Décryptage : le volcan / Par Ahmed Ould Bettar 4e partie


AQMI : la fausse mamelle du terrorisme

C’est vraiment dommage pour les Etats victimes du terrorisme de continuer à faire la grande confusion entre Al-Qaeda d’Oussama Ben Laden, qui a fait trembler l’Amérique et menace actuellement de rééditer ses frappes meurtrières sur l’Europe, et Al-Qaeda au Maghreb Islamique, qui est constituée essentiellement de poches de résistance de l’intégrisme algérien, auxquelles se sont jointes ces dernières années dans le no man’ land saharien des réseaux du banditisme, du trafic de la drogue et du blanchiment d’argent.

Les Etats sahéliens, qui commencent petit à petit à se rendre compte de cette grosse erreur, multiplient les réunions à Alger, pour identifier les voies et moyens de prendre ce problème à bras le corps et de mettre fin à une menace qui risque de transformer toute la région en véritable poudrière, allant du Sahel vers la Somalie, en passant par le Nigeria.

C’est assurément dans ce cadre de protection d’une lutte commune et concertée que c’est tenue récemment dans la capitale algérienne, cette réunion des chefs de service renseignements des pays du Sahel à savoir la Mauritanie, l’Algérie, le Mali et le Niger, aux côtés d’autres chefs s de services de renseignements moins médiatisés du Burkina Faso, du Tchad et de la Libye.

L’objectif ultime de ces retrouvailles reste toujours AQMI, cette organisation née du GSPC, qui- rappelle-t-on, luttait pour l’établissement d’un régime islamique, mais qui fut expulsée manu militari par l’armée algérienne.

De ce refoulement est né le brassage avec la Mauritanie, où les cellules survivantes de l’islamisme algériennes ont pu sans grandes difficultés être apprivoisées par la Mauritanie, accueillies en pompe et à bras ouverts par les tribus touaregs, avant de s’organiser par la suite et de devenir une force puissante, imposant son diktat et réclamant des rançons contre la paix, d’abord au Mali, ensuite pour libérer les otages occidentaux enlevés quelque part dans ces Etats, connus jadis pour leur grande hospitalité et havre de paix au vrai sens du mot.

C’est bien cette organisation qui a enlevé le 29 novembre 2009 trois humanitaires espagnols, profitant du grand fonds de commerce que représente le slogan d’Al-Qaeda de Ben Laden, pour faire peur et régner dans des Etats aux gouvernements convaincus qu’ils seront toujours impuissants devant les forces qui ont réussi à humilier et à vaincre les américains et les occidentaux.

C’est donc un groupe armé qui sévit dans le désert entre le Mali, la Mauritanie, l’Algérie et le Niger et qui utilise l’idéologie religieuse comme une couverture pour la contrebande et les enlèvements. Un groupe qui axe toutes ses activités sur toutes les formes de trafics susceptibles de lui générer des fonds, qu’il investit pour étendre ses pouvoirs, sa mainmise, ses relations avec les populations qui habitent ces contrées.

Ce même réseau fut également mis en cause dans le rapt du diplomate canadien Robert Fowler en 2008, au Niger et aussi responsable de l’enlèvement des cinq Français d’Areva au Niger. Le fait qu’il n’est pas enclin à prendre des otages américains, montre si besoin est qu’il n’a aucun dénominateur commun avec Al-Qaeda. En effet, la puissance de frappe militaire américaine qui ne recule pas devant ceux qui cherchent à lui nuire, comme le montre leur forte présence en Irak, en Afghanistan et ailleurs dans le monde, fait que AQMI, convaincue de sa faiblesse devant le pays de l’Oncle Sam, préfère ne pas aller sur ce terrain miné et ne pas provoquer des américains qui peuvent réduire en quelques minutes les massifs de Timetrine où se trouvent ses arrières bases en décombres.

L’autre motif de plus d’AQMI de faire la paix aux américains est le refus de ces derniers de se faire dicter la loi des rançons, contrairement aux espagnols, déjà des grands adeptes de cette pratique honteuse et de la France, qui ne trouve pas d’autre issue que d’y aller, après avoir échoué à sauver Michel Germaneau et pour éviter le triste sort qui lui a été réservé à ses otages d’Areva toujours aux mains d’AQMI.

Par ailleurs, notons que ces brigands ont connu lors des derniers raids une lourde perte. Avec l’installation par l’armée mauritanienne d’un QG à Toumbouctou et le rapprochement manifeste entre autorités mauritaniennes et les communautés touaregs au nord du Mali, l’étau se resserre sur des réseaux dont les manœuvres sont désormais très réduites, à moins qu’elles ne se fassent en direction de l’Algérie, à 100 km de leur retranchement.

Plusieurs autres indicateurs vérifiés auprès de sources généralement bien informées indiquent également que le véhicule récemment incendié par l’armée mauritanienne sur le champ de bataille avec les éléments d’AQMI, au bord duquel se trouvaient une femme et son enfant, est plutôt un camion, utilisé à des fins suicidaires, par l’épouse de l’un des chefs terroristes prête à détromper la vigilance des militaires mauritaniens pour exécuter son opération de kamikaze. C’est une hypothèse très plausible qui se confirme de plus en plus.

Notons également qu’en terme de rapport de force, une armée de 20 000 de soldats ne peut être comparable à un groupe composé de 400 terroristes. En effet, 6 morts sur 20000 sont différents de 12 morts sur 400, ce qui laisse supposé que c’est plutôt dans les rangs d’AQMI que les pertes humaines et matérielles ont été les plus considérables.

Enfin, il est tout à fait regrettable que des affirmations répugnantes soient attribuées à tel pays, tel président ou tel ministre, alors que normalement, elles ne devraient pas avoir lieu. Il existe des brigands au Sahel qui commettent régulièrement des crimes organisés et il appartient à ces pays d’unir leurs forces, de tenir régulièrement des réunions de sécurité pour les combattre.

L’Algérie qui jouit d’une large expérience et possède- selon des experts du secret défense- l’une des cinq premières armées du monde est capable d’assurer la paix, la stabilité et elle a certes un rôle pivot.

Il est temps pour elle de s’y engager résolument pour éviter à la région de se transformer en poudrière, pour calmer le volcan brigand et pour éviter qu’il n’étale ses larves bouillonnantes au delà même de la Tunisie et du Maroc.

Communication officielle : « ni vu, ni su »…quel ridicule?

La Mauritanie et son armée ont fait l’objet ces dernières semaines d’accusations hostiles de la part de certains médias d’Etats voisins, qui ont déployé tout leur talent journalistique pour transformer la grande humiliation infligée par les vaillants et braves militaires mauritaniens aux éléments d’AQMI, ces groupes du banditisme et la criminalité transfrontalière sévissant dans le Sahel, en défaite, sans que cela ne fait broncher ou fait remuer le petit doit de Mme la communication officielle, restée de marbre devant toutes les sottises possibles que le devoir gouvernemental lui dictait de démentir, en éclairant immédiatement l’opinion et en mettant à nu le pot de rose.

Les citoyens, leurrés par les fausses informations qui arrivaient massivement sans qu’elles suscitent la moindre contestation de la part des services nationaux de communisations, se sont malheureusement prêtés à ces montages médiatiques faits de toutes pièces, qui ont finalement contraint les autorités- le ministère de la défense, à faire des nouvelles mises au point et à de réitérer l’authenticité de leur premier communiqué, émis pendant les premières 48 heures de l’affrontement entre l’armée mauritanienne et les troupes d’AQMI.

Cette déplorable situation et ce silence coupable de Mme la communication officielle a conduit certains à s’interroger s’il y a vraiment des mauritaniens patriotes pour laisser la presse étrangère mettre l’incendie à la maison et pour continuer à leurrer toute une opinion, en refusant d’étaler les exploits de son armée sur le terrain de bataille et en précisant que c’est plutôt dans les rangs d’AQMI ; aujourd’hui encerclée dans ses arrières base, avec des otages devenus des boucliers humains, que les dégâts et les pertes ont été considérables. .

Quand le ministre de la santé, animé par un sentiment patriotique a décidé de rompre le silence, après avoir longtemps donné aux responsables habilités l’occasion de parler, mais en vain, il s’est élevé pour dénoncer cette vile campagne orchestrée par les médias d’un Etat voisin, peut être du Mali, du Sénégal ou d’un autre pays.

Son seul objectif était de sauver l’honneur et la gloire des mauritaniens d’un naufrage prémédité dont les premiers artisans sont les seigneurs du ministère de la communication « restés bouche cousue », comme si rien d’anormal ne s’est produit, alors que la tempête médiatique contre la Mauritanie avait battu son plein et avait dépassé « les lignes rouges ».

Ceci dit, les jours d’AQMI sont désormais comptés, car elle est encerclée par les armées mauritanienne et française, avec leurs avions toujours dans le ciel et menacée par l’entrée en jeu imminente de la 5ième puissance militaire du monde, à savoir l’Algérie.

L’organisation terroriste coupée de toutes ses sources d’approvisionnement à partir de Tombouctou et des autres zones militaires fermées de la Mauritanie, n’a plus aucune chance de survie que de recourir à l’arme du bouclier humain ou du moins avoir l’ultime opportunité de se rendre et de faire valoir ses droits à une amnistie

Arrestation de Biram, politique de l’Autriche et remaniement théâtral : Des météorites dont nous pouvons nous passer pour notre bien-être

La situation devient sérieusement inquiétante pour notre volcan qui bouillonnant de magma depuis des années, se trouve actuellement foudroyé par des météorites qui ne peuvent qu’augmenter les risques d’éruption pour un pays encore peu préparé à ce type de catastrophe.

Arrestation du président de l’IRA-Mauritanie, accusation du pouvoir de prôner la politique de l’autruche, la colère de la diaspora et remaniement théâtral du gouvernement ne sont que des ingrédients parmi d’autres qui donnent une part de crédibilité à nos réelles craintes, depuis longtemps rappelées à tous les acteurs de cette chère patrie gouvernants et gouvernés, pour prendre conscience des dangers, prendre les précautions nécessaires et jeter le pays sur de nouvelles bases qui peuvent l’immuniser à jamais des menaces qui le taraudent de toute part.

Ceci dit, on se passera aujourd’hui dans nos déductions objectives de la dangereuse politique étrangère franco-américaine visant à se servir de la Mauritanie et du Maroc comme boucliers contre la guerre terroriste, notamment dans le Maghreb islamique et en Afrique du Nord, qui constitue selon certains observateurs bien avertis une météorite aussi menaçante que celles qui défilent de manière vertigineuse devant nos yeux ces derniers jours.

L’arrestation de Biram Ould Abdeid a suscité un courroux généralisé parmi les épris de justice, la diaspora et les partis politiques de l’opposition qui l’ont unanimement condamné, exigeant d’une même voie la libération du militant des droits de l’homme et de ses amis, pour éviter ainsi au pays d’approfondir les plaies et de créer une atmosphère contraire à celle d’un Etat de droit, garant de la liberté d’expression, des droits de l’homme, d’équité et de la justice sociale.

Le jeu du chat et de la souris auquel s’adonnent actuellement les hommes du sérail pour se déculpabiliser ne serviront à rien, car il s’agit d’un terrain miné, potentiellement explosif qu’il faut mieux se pencher à traiter avec la perfection requise que de l’étouffer ; ce qui n’en fera qu’une bombe à retardement à la déflagration décuplée.

En ce sens, le dialogue politique auquel on s’attendait semble tomber de nouveau à l’eau, dés lors où les partis de l’opposition accusent ouvertement le pouvoir de prôner la politique de l’autruche et de tenir publiquement le langage de l’ouverture que pour leurrer l’opinion publique.

D’ailleurs, la COD dans son dernier communiqué de jeudi dernier, estime que la situation dans le pays ne fait que s’empirer, assimilant la main tendue du pouvoir à une ruse visant à « se donner un prétexte pour confisquer davantage de libertés et museler toutes les voix qui osent dénoncer ses tares et abus ».

Dans cette déclaration, la COD dit condamner aussi « avec force la campagne mensongère menée par le pouvoir contre l’opposition et ses leaders » mettant également en garde « Mohamed Ould Abdel Aziz et son pouvoir contre la persistance dans la politique de l’autruche et l’invite à engager sans tarder, comme il l’a promis » soulignant que le dialogue national inclusif est la seule voie de sortie de la crise où se débat le pays.

Une autre météorite qui ne manque pas elle aussi de force pour éjecter le magma bouillant des entrailles du volcan est ce mini remaniement que certains analystes avaient comparé à une montagne ayant accouché non pas d’une souris, mais d’un cafard.

En effet, ce n’est pas le changement auquel la sphère politique s’attendait le plus, car, s’il y a eu un réaménagement dans la forme, tout reste intact dans le fonds, comme le caméléon.

Autant dire que la situation déjà très alarmante à cause des endémies, de la crise économique mondiale, de la flambée des prix et la recrudescence de la pauvreté, devient davantage plus inquiétante avec ces nouveaux ingrédients indésirables.

Comment stopper l’ouragan des fractures ? Les mesures ponctuelles servent-elles à quelque chose ?

A l’heure où la Mauritanie est assagie par de nombreux défis d’ordre local, régional et international, l’opinion publique et les partis de l’opposition démocratique risquent de ne pas prendre très au sérieux, le revirement manifesté tout d’un coup par les autorités, dont cette large adoption de l’aide à la presse privée, restée longtemps un rêve quasi-irréalisable pour les médias indépendants mauritaniens malgré des années de revendication.

Il y a aussi ce mini-remaniement pris samedi dans la soirée à la sauvette dont personne n’arrive encore à comprendre les vrais mobiles, comme d’ailleurs les changements au sein du gouvernement qui l’avaient précédés, que l’opinion n’arrive pas à savoir s’ils sont opérés pour récompenser, parer à des insuffisances, réagir aux propos d’un militants des droits humains ou en réaction à une marche des syndicalistes réclamant une augmentation des salaires.

Toujours est-il que ces deux exemple (la presse et le remaniement) font que certains observateurs qui suivent au millimètre prés les puissantes et irréversibles révolutions qui frappent le monde arabe, disent qu’il s’agit de manœuvres rusées pour détourner l’attention de l’opinion tournée le vent de révolte et minutieusement mûrie par les pouvoirs publics pour s’assurer du soutien des journaux et d’une certaine opinion désabusée et lassée des promesses autant en emporte le vent.

Pour la presse privée, tout le monde en convient en raison de son rôle déterminant sur les réseaux sociaux comme Twitter et Facebook dans la réussite des embrasements jasmin en Tunisie et au Nil en Egypte, voire méditerranéen qui s’annonce à Alger tout en progressant vers l’Ouest africain en direction de l’Océan, à telle enseigne que dans leur tentative de faire étouffer ces soulèvements, les dirigeants menacés prennent comme première décision la censure du net et des médias tabloïd, sinon se paient leur silence et leur complicité pour renforcer l’Etat gendarme et démystifier la situation aux yeux de la communauté mondiale, dont les condamnations sont décisives pour toute chute de pouvoirs absolus .

Pour ne pas revenir en détails sur les tentatives terroristes héroïquement déjouées par les forces armées et de sécurité nationales, qui allaient mettre l’huile sur le feu d’un incendie persistant, vivement nourri par de nombreux facteurs endogènes tels que la flambée des prix, la rude confrontation politique, les passifs humanitaire et social du dossier négromauritanien toujours pendants, les bombes à retardement que représente la thérapie inefficace d’éradication de l’esclavage et exogènes tels que les fortes révolutions vécues par certains Etats arabes et les insurrections sporadiques qui commencent à resurgir dans d’autres pays jusque là stables, en plus du terrorisme, la Mauritanie est aujourd’hui plus fragilisée que jamais et a cruellement besoin d’une nouvelle stratégie de gouvernance que celle qui prévaut actuellement pour éviter de tomber dans le même cercle vicieux que la Tunisie et l’Egypte.

Ce ne sont pas là les seuls grands problèmes auxquels le pays est confronté. Hélas, il y en a un qui s’apparente à lui seul à une bombe atomique à savoir la fracture sociale que les pouvoirs publics semblent malheureusement peu initiés à la meilleure démarche pour traiter, pour réduire l’écart grandissant entre les pauvres et les riches, en instaurant une réelle justice sociale, basée sur des fondements démocratiques acceptés par tous.

En effet, si comme le martèlent les autorités, l’Etat, malgré ses énormes potentialités naturelles (minerais, poisson, terres arables…) n’a pas suffisamment de ressources pour disposer des moyens de son propre développement et pour assurer le bien-être de ses citoyens, le plus dangereux péril auquel il s’exposerait ces temps-ci, serait d’investir les quelques financements obtenus généreusement auprès des bailleurs et des donateurs s à titre remboursable et onéreux dans du goudron, sans prendre conscience que ces réalisations d’avenues et trottoirs ne font que creuser la fracture sociale et priver les larges couches communautaires de la Mauritanie de capitaux capables d’être investis dans des activités directes génératrices de revenus et productrices pour les populations.

Il fallait plutôt pour nos dirigeants, utiliser les milliards d’UM engloutis par les avenues de Nouakchott et les autres grands projets dans le développement durable de l’intérieur, dans la construction de retenues d’eau pour favoriser l’agriculture, alimenter les autochtones en eau potable et donner au cheptel toutes les chances de se développer dans un cadre harmonieux local. En bref, investir dans le social, rien que le social et l’auto développement pour réaliser le pari de l’autosuffisance alimentaire.

Après ce défi, le reste n’est qu’une question de temps, car une fois le ventre plein, la paix assurée, la fraternité garantie, les peuples donnent naissance à des générations fortes et innovatrices qui prendront l’avenir du pays en main et le mèneront progressivement en bord port sans fausser son processus de croissance économique et sociale.

Ainsi pour dire, ces milliards qui pour certains ont disparu à cause de la lutte contre la gabegie, se sont plutôt évaporés dans les goudrons qui une fois achevés, n’ont pas rendu la capitale plus fluide à la circulation, en raison de l’anarchie des stationnements des automobilistes, bénéficiant vraisemblablement de la bénédiction des flics, qui obstruent les voies en fermant les portails de leurs véhicules et en allant tranquillement faire leurs courses sans se soucier d’étouffer toute une économie.

Alors quelle leçon faut-il tirer de ce portrait ? Moubarak et Ben Ali n’avaient rien vu venir à cause de leurs conseillers qui les trompaient avec des rapports fabriqués de toutes pièces sur le pouls de la rue : tout va bien, le peuple est content du président, il n y pas de manifestation, les boutiques ont calmé les ardeurs et bla-bla-bla.

La Mauritanie peut incontestablement éviter ces scénarios humiliants, mais faut-il pour cela que ces dirigeants brisent cette glace qui les séparent des citoyens et des priorités pour se mettre immédiatement au service de leurs populations, au lieu de rester cantonner dans leurs châteaux jusqu’au jour ou tout sera balayé devant eux et qu’il n’y aura plus à leur accueil que le rejet qui peut avoir un effet de boomerang sur tout leur entourage familial, social, politique et financier comme cela est arrivé à Ben Ali , au Rais égyptien et à ceux dont le tour viendra demain. A bon entendeur salut.

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