Défections successives au sein de IRA: limites du discours de surenchère

Les défections successives au sein de l’organisation IRA montrent les limites du discours de surenchère véhiculé par des leaders populistes, pour faire le pont entre les frustrations des nationalistes négros-africains et les revendications de certains haratine radicalisés.


Cette jonction a favorisé la production et la propagation d’un discours de haine extrêmement violent, avec un potentiel de déstabilisation pour le pays dans son ensemble, qui dresse les Mauritaniens, les uns contre les autres, et qui les classe en fonction de leur appartenance ethnique, raciale ou de leur couleur de peau.
Le paradoxe c’est que les frustrations communautaristes parmi les négro-africains, sont largement héritées du règne de Maaouiya Ould Taya, et sont encore très vives, en dépit d’un début de solution du « passif humanitaire ». Comment alors expliquer cette collision avec des leaders haratines qui avaient rejoint Maaouiya, décrié comme étant le fosseyeur de l’unité nationale, l’architecte et le responsable politique des crimes qu’ils dénoncent aujourd’hui ?
Personne n’a demandé à ces leaders haratines où est ce qu’ils étaient au moment du vote de la loi d’amnistie en 1993 ? Une loi scélérate et injuste qui mettait un point d’arrêt à toute tentative de poursuites contre les auteurs des crimes en Mauritanie. Aujourd’hui, ils continuent d’évoquer avec grandiloquence les principes de justice et de transparence, et d’essayer de se positionner de manière radicale, sans que les nationalistes négro-africains n’y voient de contradiction.
Pourtant, il faudrait bien comprendre les ressorts de cette jonction, à corréler au vote aux dernières élections. Certes, il s’agit d’un vote identitaire, mais à travers ce vote identitaire, c’est un rejet du système et un désaveu du leadership institutionnel des groupes haratines et négro-africains, des élites largement héritées de la période Ould Abd El Aziz et aujourd’hui complètement discréditées.
Par ailleurs, le score de Birame aux dernières élections traduit l’impatiente des populations, notamment les plus déshéritées, face à l’accumulation des injustices, il traduit une montée de la colère populaire face à l’absence de réponse efficaces de l’Etat à ces attentes.
Ceci appelle des politiques ambitieuses et volontaristes pour réduire les inégalités sociales, lutter contre la pauvreté, éliminer l’esclavage, en s’en donnant les moyens, combattre l’exclusion, sous toutes ses formes, les inégalités et les discriminations qui touchent toutes les communautés. La solution est dans l’égalité des chances et la promotion de la citoyenneté, dans un État de droit, avec une redistribution plus juste des richesses et non dans le communautarisme ou le repli identitaire, encore moins dans la propagation du discours de la haine.
Mohamed El Mounir

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page