Dette africaine : là où le Covid-19 va encore faire mal

ANALYSE. Le fait que 40 % de sa dette soit privée ne va pas faciliter à l’Afrique la suite de la gestion des conséquences du Covid-19 malgré le moratoire déjà acté.

Par Marin Ferry, Babacar Sène, Marc Raffinot*, pour The Conversation.comPublié le 25/04/2020 à 09:00 – Le Point.fr

Depuis l’appel du président Macky Sall le 25 mars dernier demandant une annulation de la dette des États africains, les déclarations en faveur d’une annulation de cette dette ou d’un report de ses échéances (moratoire) se sont multipliées. La réunion du G20 le 15 avril a marqué une étape nouvelle.

Les pays industrialisés, les pays émergents, dont la Chine, et même le secteur privé semblent avoir trouvé un consensus, très inhabituel, en faveur d’un moratoire. Cependant, même si ces initiatives permettent de dégager des ressources pour faire face à la crise du Covid-19, il ne faut pas oublier que les besoins des pays africains pour faire face à la pandémie n’ont aucune raison d’être corrélés avec l’endettement. Dans le cas d’une annulation de la dette, par exemple, la Mauritanie recevrait l’équivalent de 98 % de son revenu national et la RDC 11 %. Les besoins de la RDC sont-ils moindres que ceux de la Mauritanie ? Toutefois, l’importance de la dette actuelle envers le secteur privé, et notamment envers des porteurs de titres (eurobonds) pose un problème épineux, dans un contexte bien différent des précédentes remises de dette.

Une dette publique extérieure très diversifiée

La grande majorité des pays africains ont connu une croissance rapide ces dix dernières années, attirant de nouveaux créanciers publics comme la Chine, l’Inde, le Brésil, mais également et surtout des créanciers privés qui jusqu’alors boudaient la dette publique de ces pays, échaudés par la grande crise d’endettement du début des années 1980 et les épisodes de défaut partiel. Aujourd’hui, la dette extérieure publique totale des États d’Afrique subsaharienne (ASS) est détenue à plus de 40 % par des créanciers privés, avec toutefois de grandes différences d’un pays à l’autre.

Euro-obligations : la surréaction des marchés financiers face à la pandémie

Depuis la crise financière internationale de 2008, certains États d’ASS ont accédé au marché international des euro-obligations (ou eurobonds), grâce notamment à une baisse sans précédent des taux directeurs des grandes banques centrales et aux politiques monétaires non conventionnelles. 15 pays africains à faible revenu ont emprunté sur ce marché depuis 2007.

L’année 2019 a connu 13 émissions d’euro-obligations. Ensemble, le Kenya, le Mozambique, le Ghana, le Bénin, la Côte d’Ivoire, l’Angola et l’Afrique du Sud ont levé 16,38 milliards de dollars. En 2020, le montant des émissions africaines a atteint plus de 100 milliards de dollars. Ces obligations sont détenues par une multitude d’investisseurs (principalement privés).

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