Editoriaux: En un sommet douteux (Chaabane BENSACI)

Editoriaux: En un sommet douteux (Chaabane BENSACI)

Au cours de sa visite à L’Expression, Son Excellence l’ambassadeur de France à Alger, François Gouyette, nous a expliqué, parmi les divers «malentendus», la présence du Maroc au récent sommet du G5 Sahel, à N’Djamena (Tchad). L’invitation, a-t-il indiqué, a été adressée par la Mauritanie, en sa qualité de président en exercice du G5 Sahel, au Maroc et à l’Algérie qui l’a, pour sa part, déclinée.

Dont acte. Se pose, dès lors, une autre question. Pourquoi, diable, la Mauritanie n’a pas eu le même réflexe à l’adresse de la Tunisie, de la Libye et, même, de l’Egypte, pays également concernés par les enjeux qui secouent cette région limitrophe et qui sont en droit de s’alarmer de la montée en puissance de l’hydre terroriste?

Plus, encore, des pays comme le Cameroun et, surtout, le Nigeria sont englués dans le bourbier du prétendu «jihadisme» et ils auraient, sans aucun doute, mérité d’être présents à cette concertation dont on est en droit de penser qu’elle n’est pas exempte de calculs et d’objectifs inavoués. Dans tous les cas de figure, ces deux pays avaient davantage à dire, et à faire, que le Maroc, en la matière. Le royaume marocain a beau prétendre faire face à la «menace», derrière le mur de la honte qu’il a érigé dans la zone tampon avec la Mauritanie, son but est, seulement, de faire valoir ses prétentions illégales sur le territoire sahraoui, ultime colonie et dernière épine dans le talon du continent africain. En s’invitant à ce sommet qui, comme la montagne, a accouché d’une souris et n’a sûrement pas provoqué la panique chez les groupes extrémistes, le Maroc cherchait à tirer profit du G5 Sahel, quitte à prétendre qu’il mène une lutte quelconque contre le terrorisme dont il énonce qu’il sonne à sa porte. On devine à quel «terrorisme» il fait allusion et son discours ne trompe personne, puisqu’il relève de la fuite en avant permanente qu’il pratique depuis des décennies. Vaine et vaniteuse tentative que celle-là, un déni pathétique de la réalité dans toute sa plénitude et toute sa transparence. Celle d’un peuple qui souffre et qui lutte, depuis plus de quarante années, un peuple qui a cru, et veut croire encore, aux promesses et aux engagements de la communauté internationale, dont le mutisme et l’immobilisme sont, aujourd’hui, assourdissants, pendant que l’armée marocaine s’emploie, comme toute force d’occupation coloniale, à réduire au silence les manifestants pacifiques sahraouis. Le vainqueur de Dien Bien Phû, le général vietnamien Giap, avait raison. Le colonialisme est, toujours, «un mauvais élève».

Chaabane BENSACI

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