États-Unis : des manifestants pro-Trump envahissent le Capitole…

États-Unis : des manifestants pro-Trump envahissent le Capitole en pleine certification de la victoire de Joe Biden
Sur fond d’élection sénatoriale cruciale en Géorgie qui pourrait faire basculer la majorité politique du sénat, la cérémonie de certification de la victoire de Joe Biden à l’élection présidentielle américaine a été interrompue par des manifestants pro-Trump. Des bâtiments du Congrès ont été évacués par la police.

Journée sous tensions à Washington. Des milliers de manifestants favorables au président Donald Trump ont envahi mercredi 6 janvier la colline du Capitole, plongeant dans la confusion la session du Congrès qui devait confirmer mercredi la victoire de Joe Biden à l’élection présidentielle du 3 novembre.

Selon la chaîne américaine CNN, une femme aurait été blessée par balle dans l’enceinte du Capitole et serait dans un état critique. Elle aurait reçu une balle dans l’épaule et a été évacuée sur un brancard, selon un agent cité par le Washington Post.

Des militaires de la Garde nationale ont été envoyés à Washington, a indiqué la Maison Blanche. Ce déploiement de renforts armés a été annoncé par la Maison Blanche ainsi que par Ralph Northam, le gouverneur démocrate de la Virginie, Etat qui jouxte la capitale fédérale.
Les manifestants ont fait irruption lors des débats de la Chambre des représentants, ont investi les terrasses du Capitole. “Nous reprenons la Chambre”, “c’est notre parlement”, a déclaré à l’AFP un manifestant anonyme.

Le Congrès évacué
La police du Capitole a ordonné au personnel du Congrès d’évacuer le bâtiment Cannon ainsi que d’autres situés autour du Capitole, peu après la fin d’un discours de Donald Trump, qui refuse de concéder sa défaite. Le milliardaire républicain avait alors appelé ses partisans à aller protester contre la certification par les élus du Congrès de la victoire de son opposant démocrate.

“Je viens juste d’évacuer mon bureau à Cannon à cause d’une menace proche. Maintenant, nous voyons des manifestants attaquer la police du Capitole”, a tweeté l’élue républicaine à la Chambre des représentants Nancy Mace.
Un journaliste pour The Blaze, Elijah Schaffer, a tweeté une courte vidéo montrant des manifestants face à la police à l’intérieur des bâtiments. “Une révolution est en cours, tandis que les supporters de Trump entrent dans les bâtiments du Capitole, attaquent la police, cassent des fenêtres et font tomber des portes. C’est l’anarchie totale”, écrit-il sur Twitter.
“La police nous a demandé de prendre des masques à gaz parce qu’il y a eu des tirs de gaz lacrymogène dans la Rotonde”, a écrit le représentant démocrate Jim Himes. “On nous a dit de nous coucher sur le sol et d’enfiler nos masque à gaz”, a ajouté son confrère Dan Kildee.
Peu après le début des altercations, Donald Trump s’est toutefois ravisé et a appelé ses partisans à éviter toute violence. “Soutenez la police du Capitole et les forces de l’ordre. Ils sont du côté de notre pays. Restez pacifiques !”, a-t-il tweeté.
Le vice-président Mike Pence, qui a été évacué du Congrès peu après l’arrivée des manifestants, a lui aussi appelé à la fin des violences. “Les violences et les destructions qui ont lieu au Capitole doivent cesser et maintenant”, a-t-il tweeté, avant d’ajouter que les responsables de cette “attaque” seraient poursuivis.
“Tentative de coup d’état”
“Tristement, et dangereusement, certains éléments du parti républicain pensent que leur survie politique dépend de leur participation à une tentative de coup d’Etat”, a déploré devant les membres du Congrès le chef des sénateurs démocrates Chuck Schumer, peu avant l’irruption des manifestants.

Un terme repris plus tard par Adam Kinzinger, un membre du Congrès républicain : “C’est un coup d’état”, a-t-il sobrement twitté, alors que les scènes de chaos se multiplient sur la colline du Capitole.

“Nous assistons à une tentative de coup d’Etat encouragée par le criminel de la Maison Blanche. C’est voué à l’échec”, a de son côté tweeté le représentant démocrate William Pascrell.
“Il ne s’agit pas d’une manifestation. C’est une tentative de coup d’Etat”, a encore estimé l’élue Diana DeGette, en dénonçant “l’anarchie fomentée par notre propre président”.

Des élus républicains dénoncent des fraudes électorales
Lors de la séance exceptionnelle du Congrès, qui s’est ouverte par les objections de deux élus républicains aux résultats dans l’Etat d’Arizona, des élus loyaux à Donald Trump ont fait résonner dans l’enceinte du Congrès les allégations de fraude électorale martelées, contre toute évidence, par le président sortant.

Le chef des sénateurs républicains Mitch McConnell a de son côté mis en garde ses confrères contre tout refus de certifier la victoire de Joe Biden à la présidentielle. “Si cette élection était invalidée sur la base de simples allégations des perdants, notre démocratie entrerait dans une spirale mortelle”, a-t-il lancé lors de la séance extraordinaire.

Un discours virulent
Plus tôt dans la journée, Donald Trump a appelé son vice-président Mike Pence à ne pas entériner la victoire de Joe Biden lors de la session extraordinaire au Congrès, et a qualifié les élus républicains de “faibles” et “pathétiques”.

“Si Mike Pence fait la bonne chose, nous gagnons l’élection”, a lancé le président sortant devant une foule de partisans réunis à Washington. “S’il ne le fait pas, ce sera une triste journée pour notre pays”, a-t-il ajouté, laissant entendre qu’il doutait de l’attitude de son numéro deux.

Ce dernier a toutefois fait savoir qu’il ne s’opposerait pas à la certification de la victoire de Joe Biden, s’abritant derrière les “contraintes” de la Constitution. Il a présenté ses arguments dans un courrier publié juste avant l’ouverture de la séance.

“Nous ne concéderons jamais”
Donald Trump a affirmé qu’il ne concéderait “jamais” la défaite, à deux semaines de la prise de fonction du démocrate Joe Biden. “Nous n’abandonnerons jamais. Nous ne concéderons jamais”, a-t-il lancé lors du rassemblement devant ses partisans, sous un ciel chargé de lourds nuages, la Maison Blanche en toile de fond.

“Nous avons remporté cette élection, et nous l’avons remporté largement”, a-t-il martelé, contre toute évidence et en dépit de l’absence de preuves accréditant l’hypothèse de fraudes électorales.

Une élection sénoriale cruciale
Le même jour, une double élection sénatoriale en Géorgie, un Etat historiquement conservateur, pourrait donner l’avantage aux démocrates. Le candidat démocrate Raphael Warnock a battu la sénatrice républicaine Kelly Loeffler et est entré dans l’histoire en devenant le premier sénateur noir élu dans cet Etat du Sud. “Ce qui s’est passé hier (mardi) soir est extraordinaire”, a déclaré sur CNN ce pasteur de 51 ans d’une église d’Atlanta où officiait Martin Luther King.

L’autre démocrate en lice, Jon Ossoff, semblait lui aussi en position de créer la surprise face au sénateur républicain David Perdue. Les grandes télévisions américaines ne l’ont cependant pas encore désigné comme vainqueur. Si sa victoire se confirme, Jon Ossoff deviendrait, à 33 ans, le plus jeune sénateur démocrate depuis… Joe Biden (en 1973).

Les démocrates auraient alors 50 sièges au Sénat, comme les républicains. Mais comme le prévoit la constitution, la future vice-présidente Kamala Harris aurait le pouvoir de départager les votes, et donc de faire pencher la balance du côté démocrate.

Les performances démocrates dans ce grand Etat du Sud représentent un terrible revers pour le Grand Old Party. Et si la double victoire se confirme, les républicains, après avoir perdu la Maison Blanche, verraient la prestigieuse chambre haute leur échapper. Toujours dans son fief de Wilmington, Joe Biden a promis “l’unité” et “l’action” aux Américains.

avec toutfilm

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