La démocratie américaine sous son meilleur jour

Constat établi par Sud-Ouest ce jeudi matin 21 janvier : « hier, en dépit d’une foule absente et des gardes nationaux massivement armés, la démocratie américaine s’est montrée sous son meilleur jour. […] Joe Biden a prononcé le discours que l’on attendait de lui en ces circonstances si particulières : une ode à la tolérance, à l’unité nationale, aux vertus de la démocratie, repoussant par les mots le spectre de ce qu’il a joliment qualifié de « guerre incivile », refoulant dans les ténèbres les continents de la désinformation et des prétendues vérités alternatives. […]

Quel contraste, s’exclame encore Sud-Ouest, avec cet autre mercredi, deux semaines plus tôt, où une populace factieuse a envahi le Capitole et menacé les parlementaires ! C’est ce contraste que Joe Biden aura pour première tâche d’atténuer afin que les États-Unis ne revivent plus pareille journée. »
« Trump était absent, mais le chaos qu’il a incarné était en réalité omniprésent, relève pour sa part Ouest France. L’investiture du 46e président des États-Unis n’était pas ce rituel démocratique que l’on célèbre d’ordinaire un peu mécaniquement, comme on répète une évidence. Dans la gravité du moment, avant même le programme du nouveau président, c’est la démocratie elle-même qui était le thème dominant. Joe Biden l’a même exprimé très clairement. « Aujourd’hui, nous célébrons le triomphe, non pas d’un candidat, mais d’une cause,a-t-il déclaré. La cause de la démocratie. » Et Biden de conclure ce message, autant pour les Américains que pour le monde : « Et la démocratie a prévalu ! »La présence de Mike Pence, le vice-président sortant en rupture avec Trump, avait valeur d’attestation. »

Encore l’Amérique d’abord

Le Figaro reste prudent, notamment pour ce qui concerne la politique extérieure du nouveau président américain : « Joe Biden est un internationaliste libéral de la vieille école, doublé d’un réaliste sceptique à l’égard des grands projets interventionnistes. En dépit de son « compas moral », il n’a rien d’un missionnaire de la démocratie. Le nouveau président aura bien trop à faire sur le plan intérieur. S’il réengage les États-Unis dans le multilatéralisme, ce sera toujours, pointe Le Figaro, pour défendre les intérêts de « l’Amérique d’abord ». Afin de compter « un ami » dans le Bureau ovale, les Européens auront intérêt à se rendre utiles. L’Amérique, aujourd’hui, attend que l’Europe l’aide autant qu’elle l’aidera. »

Enfin, sur le plan intérieur, attention, prévient Le Courrier Picard, avec cette formule bien sentie : « en laissant vacant son trône à la Maison-Blanche, il n’est pas certain que Trump ait tiré la chasse. »

En effet, la menace Trump est toujours présente. L’économiste Nouriel Roubini met en garde dans Les Echos : « L’Amérique est devenue l’épicentre de l’instabilité mondiale, affirme-t-il. Et l’arrivée effective de Joe Biden au pouvoir n’écarte pas le risque de voir l’extrême droite américaine poursuivre ses agissements contre la démocratie américaine. Au contraire. Et Trump pourrait bien continuer à les y encourager depuis sa nouvelle place d’opposant. »

France-Algérie : l’espoir d’une mémoire apaisée

À la Une également, en France, l’historien Benjamin Stora a remis ce mercredi à Emmanuel Macron une série de « mesures symboliques » pour réconcilier la France et l’Algérie, près de soixante ans après l’indépendance.

« L’espoir d’une mémoire apaisée », titre Libération. « Il y aura des gestes symboliques […]. Dans les mois à venir, Emmanuel Macron commémorera trois dates : la journée d’hommage national aux harkis, le 25 septembre ; la répression d’une manifestation pacifique d’Algériens, le 17 octobre ; et les accords d’Évian, le 19 mars. »

Par ailleurs, « l’historien propose la mise en place d’une commission « mémoires et vérité » commune à la France et l’Algérie, la reconnaissance de l’assassinat par l’armée française de l’avocat Ali Boumendjel durant la bataille d’Alger en 1957 ou encore l’entrée au Panthéon de Gisèle Halimi, figure du féminisme et militante anticolonialiste. »

Des reconnaissances, donc, mais, précise l’Élysée, pas question de repentance. « Emmanuel Macron est d’une génération qui peut s’autoriser ce travail, estime son entourage. Il considère qu’il peut regarder l’histoire en face. »

Commentaire des Dernières Nouvelles d’Alsace : « Voilà tout l’intérêt du rapport Stora. C’est à une stratégie des petits pas mémoriels qu’est invitée la France, et l’Algérie avec elle, pour déminer les unes après les autres, consciencieusement et modestement, tant de sources de rancœurs et de tensions. Puisque la mémoire fait toujours mal, des excuses ne sont pas d’actualité : elles ne cloraient pas le chapitre et ouvriraient à d’autres indignations. »

Frédéric Couteau

À la Une: la démocratie américaine sous son meilleur jour

RFI

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