La Première Dame appelle à l’élimination des fistules obstétricales

La Première Dame, Marieme Fadel Dah a participé, mardi à Nouakchott, par vidéoconférence, à la réunion de l’initiative pour l’élimination des fistules obstétricales en Afrique de l’Ouest et du Centre.

Les premières Dames du Niger, des Comores, du Tchad et de la Sierra Leone, ainsi que les directeurs régionaux du Fonds des Nations Unies pour la population en Afrique, participent également

à cette initiative organisée sous le slogan, « Un partenariat fort et élargi qui est essentiel pour l’élimination des fistules obstétricales en Afrique de l’Ouest et Centrale. « 

Lors de son discours, la Première Dame, Marieme Fadel Dah, a appelé à participer, aux côtés des gouvernements, du Fonds des Nations Unies pour la population et d’autres partenaires, à la mise en œuvre de la Stratégie nationale pour l’élimination des fistules obstétricales.

Elle a souligné l’intérêt de consacrer des efforts pour soutenir toutes les initiatives qui contribuent à l’élimination de cette maladie, en luttant contre le mariage précoce, en prenant soin des femmes qui en sont atteintes à différents niveaux de la pyramide sanitaire, en garantissant l’accès des filles à l’éducation et des femmes aux services liés à l’accouchement par des médecins qualifiés et en facilitant leur accès aux programmes d’espacement des naissances ainsi qu’en luttant contre la violence à l’égard des femmes et des filles.

Voici le discours de la Première Dame :

« Excellence Madame Malika Issoufou, Première Dame du Niger

Excellences Mesdames les Premières Dames,

Chères Sœurs du Burkina, du Tchad, de la Gambie et de la Sierra Leone,

Je tiens à remercier l’ensemble des organisations impliquées dans la préparation et la réalisation de cette excellente initiative et à exprimer ma fierté d’y être partie prenante.

Vous me permettrez de commencer par une confession assez embarrassante pour moi : avant l’invitation de ma très chère sœur Malika, je ne connaissais pas l’ampleur de ce phénomène et c’est en me documentant pour cette réunion que j’en ai saisi la gravité et la souffrance sous-jacente. J’en avais presque les larmes aux yeux. Et pourtant, ce n’est pas difficile à prévenir. La fistule obstétricale est en effet, un problème majeur de santé publique et un drame social pour les victimes qui sont principalement les filles et les femmes les plus vulnérables, démunies, vivant dans les localités les plus enclavées, avec un accès très limité à des services de santé de qualité. Pour ne pas répéter ce que d’autres vont mieux développer que moi, je vais me focaliser sur l’ampleur du problème en Mauritanie et les défis auxquels nous faisons face. Outre la croissance démographique et le faible accès aux services de santé de la reproduction/planification familiale, les facteurs aggravants en Mauritanie sont :

-la prévalence élevée du mariage à un âge précoce : 15,6% avant 15 ans et 35,2% avant18 ans (MICS 2015),

-les besoins non satisfaits en planification familiale/espacement des naissances (33,6%,

-les grossesses précoces et rapprochées et le faible taux d’accouchements assistés (64,4%),

-le nombre élevé de mutilations génitales féminines : 66,6% parmi les femmes et 53,2% parmi les filles,

-le faible niveau de l’éducation des filles : 62% au primaire (MICS 2015), 41% au secondaire et 21 % au supérieur.

Cependant, depuis le lancement de la campagne nationale en 2003, la Mauritanie a développé et mis en œuvre plusieurs programmes et stratégies pour lutter contre la fistule obstétricale :

-l’élaboration d’une stratégie nationale d’élimination de la fistule obstétricale (2020-2025),

-l’adoption d’une fatwa par les chefs religieux contre les mutilations génitales féminines,

-la création d’un centre régional d’excellence (ENSSS) pour le mentorat clinique des sages-femmes afin de renforcer la formation continue et de favoriser l’offre de services de santé de la reproduction de qualité,

-le renforcement de la prise en charge chirurgicale et l’offre de chirurgie de réparation à 635 femmes porteuses de fistules,

-l’intégration de la fistule obstétricale dans les maladies indigentes avec l’accès à la gratuité de la prise en charge y inclus la réinsertion socioéconomique des femmes traitées et guéries de la fistule obstétricale.

Malgré ces progrès, il faut noter que la fistule obstétricale reste un défi en Mauritanie :

– chaque année un nombre additionnel de 150 à 300 femmes viennent accroitre l’effectif de porteuses de fistule obstétricale, avec un gap cumulé (2003 à 2021) de 2700 à 5400 cas,

– chaque semaine, 16 femmes meurent en donnant la vie (582 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes).

Les résultats acquis à ce jour, restent modestes par rapport aux nouveaux cas additionnels. L’urgence à éliminer la fistule obstétricale n’est plus à démontrer.

C’est pourquoi, nous devons tous être engagées aux côtés de nos gouvernements et du Fonds des Nations Unies pour la population et les autres partenaires pour la mise en œuvre de la stratégie nationale d’élimination de la fistule obstétricale. Nous devrions également être dévouées à soutenir toutes les initiatives qui participent à l’élimination de la fistule obstétricale à savoir : la lutte contre les mariages précoces, la prise en charge à tous les niveaux de la pyramide sanitaire, l’accès des filles à l’éducation, l’accès des femmes aux services d’accouchements assistés par un personnel qualifié, l’accès des femmes à la planification familiale/espacement des naissances et la fin des violences faites aux femmes et aux filles.

Enfin, Je ne saurais terminer sans vous remercier pour cette opportunité qui nous permettra, en qualité de Premières Dames, d’influencer les politiques de nos Etats respectifs, de mobiliser les ressources financières nationales pour mettre fin à la fistule obstétricale et faire en sorte que les femmes et les filles puissent contribuer librement et avec leur plein potentiel, au développement de la Mauritanie et de toute l’Afrique.

Je vous remercie. »

La visioconférence a été suivie en direct, à partir de Nouakchott par la ministre des Affaires sociales de l’Enfance et de la Famille, Mme Naha Mint Haroune Ould Cheikh Sidiya, la secrétaire générale du ministère de la Santé, Mme Ba Halima Yahya, le représentant du Fonds des Nations Unis pour la Population et des cadres des départements de la Santé et des Affaires sociales.

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