La réconciliation avec les opposants d’Ould Abdel Aziz, du pain béni pour Rabat et Nouakchott

La Mauritanie d’Ould Ghazaouani a lancé un processus de réconciliation avec les opposants politiques exilés à l’étranger, dont ceux ayant trouvé refuge au Maroc avant d’être contraints de le quitter. Un dossier qui a déjà provoqué des tensions diplomatiques entre Rabat et Nouakchott sous Mohamed Ould Abdel Aziz.


La Mauritanie d’Ould Ghazouani se dirige vers le classement sans suite du dossier des opposants mauritaniens en exil. Vendredi soir, le premier ministre mauritanien, Ismaïl Ould Beda Ould Cheikh Sidiya a remis une distinction à l’homme d’affaires mauritanien Mohamed Ould Bouamatou, pour ses efforts d’investissement dans le pays.

«La distinction a été remise, en son nom, à l’homme d’affaires Aziz Ould El Mami dans le cadre d’une cérémonie grandiose qui a réuni tous les hommes d’affaires mauritaniens», écrit le média mauritanien francophone Mauriweb. «Cette cérémonie officielle présidée par le premier Ministre mauritanien a été précédé par le retrait d’une plainte introduite contre lui par des ONG manipulées par l’ancien régime», en l’occurrence celui l’ex-président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz.

Le média rappelle qu’Ould Bouamatou a été déjà décoré pour ses services rendus à la Nation, en 2010, et qu’il vit depuis 2013 en exil après avoir opposé une farouche résistance à l’ancien président mauritanien. Et d’affirmer que ce dernier «n’avait pas ménagé l’instrumentalisation des institutions de la Justice et de l’Etat en général pour lui porter préjudice».

Une réhabilitation de l’ancien patron des patrons en Mauritanie qui doit encore se concrétiser davantage. En effet, «Mohamed Ould Bouamatou ne devrait revenir au pays qu’après l’annulation des poursuites judiciaires contre lui et un ensemble d’autres mauritaniens dont notamment Mohamed Ould Debagh et Limam Chafii», conclut Mauriweb.

Opposants mauritaniens installés au Maroc, talon d’Achille pour Nouakchot et Rabat

Depuis son élection, le nouveau président mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani s’est «engagé dans une nouvelle dynamique de consensus politique pour régler les problèmes du pays et pour la mise en place d’un Etat de droit garantissant aux mauritaniens une réelle liberté».

Ce nouveau climat voulu par Ould Ghazouani a été confirmé par le retour, il y a quelques jours, d’Ahmed Baba Ould Azizi. Ex-président de l’Union nationale des employeurs mauritaniens (UNEM) et homme d’affaires, il était lui aussi exilé au Maroc depuis deux ans à cause de ses différends avec Ould Abdel Aziz. Ahmed Baba Ould Azizi a même été élu, en 2017 à Casablanca, aux commandes de l’Union maghrébine des employeurs (UME), rappelle le média mauritanien Essahraa.

La réconciliation lancée par la Mauritanie aux opposants d’Ould Abdel Aziz, exilés à l’étranger, peut aussi concerner Mustapha Lamam Ould Chafii. Ancien conseiller de l’ex-président burkinabé Blaise Compaoré, fin connaisseur de la carte des groupes terroristes au Sahel, il était lui aussi exilé au Maroc. D’ailleurs, après le départ d’Ould Bouamatou du Maroc, l’ex-président mauritanien n’a pas caché sa volonté de voir Ould Chafii, contre qui il avait lancé en 2011 un mandat d’arrêt international, expulser du royaume.

En somme, si le Maroc et la Mauritanie ont tourné la page du froid diplomatique ayant marqué leurs relations diplomatiques, durant les mandats d’Ould Abdel Aziz, le processus lancé par Ould Ghazouani ne peut qu’éviter aux deux pays de nouvelles tensions. Seul le dossier du Sahara peut encore créer la surprise et parasiter l’axe Rabat-Nouakchott.

Yassine Benargane
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