L’Allemagne ferme une partie de ses frontières, malgré les critiques de l’UE


Berlin ferme ses frontières avec la République tchèque et le Tyrol autrichien pour tenter de contenir la diffusion des très contagieux variants du coronavirus.

L’Allemagne tente de maintenir les variants hors de ses frontières. Dimanche 14 février, Berlin a en grande partie fermé ses frontières avec la République tchèque et le Tyrol autrichien.

Un important dispositif d’un millier de policiers est mobilisé aux « points de contrôle fixes », à l’instar de celui installé à Kiefersfelden (Bavière), à la frontière avec l’Autriche. La compagnie ferroviaire Deutsche Bahn a par ailleurs suspendu ses liaisons avec ces zones, et dimanche matin la police effectuait des contrôles aux arrivées de l’aéroport de Francfort.

Des exceptions sont toutefois envisageables pour les Allemands, les personnes résidant dans le pays, ainsi que les frontaliers et professionnels exerçant une activité jugée stratégique, comme le transport de marchandises, sous condition de pouvoir présenter un test PCR au coronavirus négatif très récent. « Les personnes qui ne font pas partie des quelques exceptions autorisées ne pourront pas entrer », a prévenu le ministre de l’intérieur, Horst Seehofer, dans l’édition dominicale du quotidien Bild. Au poste-frontière de Kiefersfelden, par exemple, les véhicules sont scrupuleusement contrôlés par les policiers qui filtrent la circulation.

Ces restrictions ont été décidées en raison des craintes du gouvernement allemand d’une nouvelle vague de contamination par les variants britannique et sud-africain du coronavirus. « Même si les variants du virus circulent déjà en Allemagne, il faut empêcher au mieux toute nouvelle intrusion », a fait valoir le ministre de l’Intérieur du Bade-Wurtemberg, une région voisine de la Bavière. Or, la République tchèque, la Slovaquie et la région autrichienne du Tyrol, frappées de plein fouet par les variants, sont considérées par Berlin comme à haut risque. Il n’est pas impossible non plus qu’à la frontière avec la Moselle soient instaurés prochainement des contrôles de ce type, étant donné que ce département français subit également une circulation particulièrement active des variants.

« Nous sommes curieux de savoir ce qui va se passer ensuite car avoir un test chaque semaine, et le payer en plus, ce serait un désastre », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP), au poste-frontière de Rozvadov (République tchèque), Milan Vaculka, un chauffeur de camion pressé de passer la frontière et de gagner la France. Comme lui, d’autres automobilistes se sont dépêchés samedi, de passer la frontière, avant que ces restrictions n’entrent en vigueur.

Ces mesures frontalières ne sont pas du goût de l’Union européenne, qui craint comme au printemps 2020 la tentation du « chacun pour soi » des pays face à la pandémie.

« Maintenant, ça suffit ! »
« Je peux comprendre la peur face aux mutations du coronavirus, mais il faut dire la vérité qui est que le virus ne se laissera pas arrêter par des frontières fermées », a déploré la commissaire européenne à la santé, Stella Kyriakides, dimanche, dans le quotidien allemand Augsburger Allgemeine. « La seule chose qui aide, ce sont les vaccins et les mesures de précaution sanitaires, il est à mon avis erroné de revenir comme en mars 2020 à une Europe des frontières fermées », a-t-elle ajouté.

C’est vertement que le ministre allemand de l’intérieur a répondu à ces critiques européennes et à la demande de Bruxelles de faciliter les déplacements des travailleurs transfrontaliers. « Maintenant, ça suffit ! », s’est exclamé le conservateur Horst Seehofer, dans Bild. La Commission européenne, elle-même sous le feu des critiques en Allemagne, pour la lenteur de la campagne de vaccination, a, selon lui, « commis assez d’erreurs » comme cela « et devrait nous soutenir plutôt que nous mettre des bâtons dans les roues avec ses conseils ».

L’Allemagne, au prix de restrictions drastiques depuis de nombreuses semaines, est parvenue à faire baisser le taux d’incidence dans tout le pays et à limiter la hausse des contaminations. Elle reste cependant très méfiante devant la menace des variants, et c’est pour cette raison que le pays a décidé de maintenir, jusqu’au 7 mars au moins, l’essentiel des mesures de confinement partiel de sa population face à la pandémie, même si le nombre d’infections recule lentement.

avec AFP
Le Monde

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