Le Maire : l’Etat apportera les moyens financiers pour éviter le « naufrage » de l’économie

« Je préfère que nous nous endettions aujourd’hui, en évitant un naufrage, plutôt que laisser détruire des pans entiers de notre économie », déclare le ministre de l’économie dans un entretien au « JDD ».

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 01h39, mis à jour à 07h28


La situation exceptionnelle que traverse la France en raison de la pandémie mondiale liée au coronavirus affecte grandement l’économie du pays. Devant ce qu’il compare à la crise de 1929, le ministre de l’économie et des finances, Bruno le Maire, tient à assurer que l’Etat jouera son rôle protecteur.

L’Etat apportera « les moyens financiers nécessaires aussi longtemps que la crise durera », pour éviter « un naufrage » de l’économie, déclare-t-il dans Le Journal du dimanche du 5 avril.

Selon le ministre, « sur huit jours, 20 milliards d’euros de prêts » garantis par l’Etat ont été « demandés par plus de 100 000 entreprises ». Pour aider les entreprises à passer le choc du confinement, l’Etat a annoncé qu’il garantirait jusqu’à 300 milliards d’euros de prêts bancaires, soit l’équivalent de 15 % du produit intérieur brut (PIB) français.

En outre, 5 millions de salariés bénéficient du chômage partiel et, « en trois jours, 450 000 petites entreprises ont sollicité le fonds de solidarité », a dit Bruno Le Maire, précisant que ces dispositifs « seront réabondés autant que nécessaire ».

Des nationalisations temporaires de grandes entreprises évoquées

Le fonds de solidarité mis en place par l’Etat prévoit 1 500 euros maximum d’indemnisation pour les petites entreprises ayant subi au moins 50 % de baisse de chiffre d’affaires par rapport à mars et avril 2019, plus une aide de 2 000 euros accordée au cas par cas pour celles menacées de faillite.

« Nous n’avons pas de difficultés à lever de l’argent sur les marchés financiers. Nos taux d’intérêt restent à des niveaux raisonnables », a indiqué le ministre, en souhaitant qu’après la crise « un plan de relance, aux niveaux national et européen », permette « de redémarrer la machine le plus vite possible ».

« Je préfère que nous nous endettions aujourd’hui, en évitant un naufrage, plutôt que laisser détruire des pans entiers de notre économie », a déclaré M. Le Maire, qui écarte toute hausse des impôts.

Quant aux grandes entreprises en difficultés, le ministre dit avoir « transmis au président et au premier ministre une liste d’une vingtaine d’entreprises stratégiques fragilisées et des solutions pour les aider : garanties de prêts, montée au capital, recapitalisation et, en dernier ressort, nationalisation »« Il ne pourra s’agir que de nationalisations temporaires », a-t-il poursuivi, alors que la question d’une nationalisation d’Air France, dont la quasi-totalité de la flotte est clouée au sol, est régulièrement évoquée.

Il a rappelé qu’« aucune des grandes entreprises qui font appel à l’Etat pour leur trésorerie ne devra verser de dividende » et a invité les autres grandes entreprises « à diminuer d’au moins un tiers le versement des dividendes en 2020 ».

Au chevet de l’aéronautique et du tourisme

Interrogé sur des baisses de salaires de patrons et de cadres, Bruno Le Maire a souhaité que « les dirigeants fassent un effort », dans la mesure où « les salariés du privé en activité partielle ne touchent que 84 % de leur rémunération nette ».

Il a précisé avoir écrit en ce sens à toutes les entreprises dans lesquelles l’Etat a une participation et avoir reçu « des réponses positives des présidents d’Air France [Benjamin Smith] et de Safran [Philippe Petitcolin] ».

Parmi les filières durement touchées, il a cité « l’aéronautique ou le tourisme », estimant qu’ils vont « avoir besoin d’une attention particulière et d’un plan de soutien », dans le cadre d’une relance en « étroite coordination européenne ».

Sur le plan de la consommation, M. Le Maire a souligné la chute de « 50 % la semaine dernière par rapport à 2019 » des paiements par carte bancaire.

Le Monde Economie

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