Le Sahara marocain s’inscrit dans le sens de l’Histoire

Les représentants du Polisario ont célébré, dans l’indifférence générale,  le 45 eme anniversaire de la République sahraouie, dont  le projet semble se perdre dans les sables de l’Histoire.

« Le peuple sahraoui poursuivra sa lutte pour imposer la justice et libérer le territoire sahraoui de la présence marocaine », a déclaré, le 27 février, le Président de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD),  Brahim Ghali,  pour célébrer le  45e anniversaire de la proclamation de cet État fictif.

Qu’il s’agisse de la rhétorique sur la juste lutte contre le colonialisme, de la parade militaire, du défilé folklorique ou de la dépêche convenue de l’Agence de presse officielle de l’Algérie (APS), la grand messe annuelle des Sahraouis est immuable. Sauf que le discours officiel aux relents marxistes ne répond plus aux attentes d’un monde qui a radicalement changé et où les rapports de force réels ne peuvent plus être ignorés.

Équilibres régionaux

Ces dernières années, la stratégie marocaine adoptée pour marginaliser le Front Posisario, bras armé de l’hypothétique République, a marqué des points. Autant d’avancées que les palabres à l’ONU sur un impossible référendum d’autodétermination, n’ont pas toujours reflété.

Revenue en force au sein de l’Union Africaine,  la diplomatie marocaine a trouvé de nombreux alliés au sein du mode arabe et africain. Entre Laâyoune et Dakhla, le Royaume marocain a favorisé l’ouverture de quinze consulats généraux de pays africains. La décision de l’ex Président Trump, qui ne sera vraisemblablement pas contestée par le camp démocrate, de reconnaitre la marocanité du Sahara, renforce une incontestable dynamique internationale..

Les équilibres régionaux penchent également en faveur de Rabat. L’élection en Mauritanie d’un Président, Mohamed Ghazouani, dont les liens avec le Maroc sont traditionnellement excellents, marque un réel tournant. Une vraie dynamique régionale qui pourrait s’étendre jusqu’au Sénégal et à l’Afrique de l’Ouest est désormais possible si la situation au Sahara se stabilise.

Quant aux généraux algériens qui, par détestation du Maroc,  avaient fait de la question sahraouie un marqueur absolu, ils n’ont plus les moyens financiers ni la légitimité politique  pour porter à bout de bras des combattants du Polisario. Une grande majorité du peuple algérien est désormais  indifférente à ce nationalisme de façade.

Il est temps que les dirigeants algériens, en butte aux revendications lancinantes de leur minorité kabyle, fassent enfin  un solide examen de conscience.

Deux logiques antagonistes

Lorsque les Espagnols ont décidé d’abandonner le Sahara à son sort, deux logiques se sont affrontées violemment. On vit Hassann II,  affaibli par deux tentatives avortées de coups d’Etat contre la monarchie, rassembler avec succès le peuple marocain dans une « marche verte » dont l’objet était l’annexion de l’ancienne colonie espagnole. Mais au nom du droit des peuples à disposer d’eux mêmes, quelques milliers de  sahraouis s’opposèrent à ce dessin nationaliste et affirmèrent, non sans panache à l’époque, leur volonté d’être maitres de leur destin

Au départ, la cause de la minorité sahraouie n’était évidemment pas indigne. Il reste que la gestion des frontières héritées de la colonisation s’est faite généralement au profit des États Nations en formation et contre les droits des minorités. Si le soutien des généraux algériens n’avais pas permis au Polisario de survivre dans des camps improbables depuis quarante cinq ans, les revendications des sahraouis auraient été balayées par le vent de l’Histoire. Ils n’auraient pas été les seuls dans ce cas. Sous d’autres latitudes, les Corses et les Basques ont eu aussi quelques raisons de penser qu’ils avaient été  les oubliés de l’Histoire.

Un avenir commun

Une certitude, une République sahraouie ne serait plus viable aujourd’hui. Un territoire de 250000 kilomètres carrés, peuplé par quelques centaines de milliers d’habitants, pourrait être, dans cette région instable,  la proie des groupes armés djihadistes. Un tel État serait, en tout cas, un formidable banc d’essai pour les trafics en tous genres, y compris les cargaisons de drogues venues des Amériques via l’océan Atlantique. 

Le sort de ce territoire stratégique, coincé entre la Mauritanie, l’Algérie et le Maroc, a empoisonné les relations régionales. Tout aurait du réunir ces pays dans une commune dynamique de partenariat et de développement. Après tout, les Marocains et les Algériens n’avaient aucun différent territorial. Ces frères ennemis avaient même trouvé un  accord  en 1989 sur les contentieux nés, vingt six ans plus tôt lors de la guerre dite des sables de 1963. Hélas, les  vaines querelles sur le dossier du Sahara ont entretenu un affrontement permanent qui a nourri dans les deux pays une propagande médiocre aux relents xénophobes

L’Algérie et le Maroc doivent tourner la page du Sahara et construire un avenir commun.

Nicolas Beau -1 mars 2021

Source: mondafrique

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