Le terrorisme a provoqué un doublement en deux ans des déplacés


Genève (© 2021 Afriquinfos) – Deux millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur de leur propre pays dans la région du Sahel. Le nombre de déplacés internes qui y était de 490.000 en 2019, a quadruplé en deux ans. L’information émane d’un communiqué du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) qui évoque «un triste record».

L’organisation onusienne lie cette situation aux violences, aux bandes criminelles et aux affrontements communautaires, notamment au Niger et au Burkina Faso. Depuis le début de l’année, une série d’attaques dans le nord du pays a fait fuir plus de 11.000 Burkinabés, pour la plupart des femmes et des enfants. Ces déplacés dorment en plein air, en manque d’urgence de soins de santé et d’installations sanitaires. Le Sahel accueille également plus de 850.000 autres réfugiés, principalement originaires du Mali.

Attaques djihadistes, gangs criminels, affrontements communautaires, le Sahel est pris dans une spirale de violences qui ont fait des milliers de morts depuis 2012. Les besoins de la population augmentent dans cette région en proie à de nombreux conflits armés, à l’insécurité alimentaire et aux changements climatiques. La pandémie du coronavirus ne fait qu’empirer la situation, s’alarment des experts onusiens.

Le HCR appelle pour ce faire la communauté internationale à redoubler son soutien envers la région. L’agence demande aux États de lutter contre les causes de ces déplacements forcés, stimuler le développement stratégique et renforcer les infrastructures, telles que les écoles et les hôpitaux.

Depuis les années 2000, les pays du Sahel (Mali, Niger, Tchad, Burkina Faso, Mauritanie) sont confrontés à une insurrection djihadiste. Au cours des dernières années, le Mali et le Burkina Faso ont fait face à des attaques terroristes répétées et souvent meurtrières.

Le Sahel déstabilisé par des ambitions politiques

L’enlisement de la crise au Sahel trouve son origine dans la guerre civile algérienne, lorsque les groupes salafistes, en premier lieu le GSPC issu du GIA, se sont repliés vers le sud. Depuis, ces groupes armés se sont multipliés. La présence dans la région de l’opération française Barkhane, mais aussi de la mission de l’ONU Minusma au Mali ou encore la lente mise en place du G5-Sahel ne semblent pas du tout endiguer la virée islamiste dans cette zone selon divers experts.

En Afrique de l’Ouest près de 16.7 millions de personnes ont actuellement besoin d’une assistance alimentaire immédiate dont 9.2 millions de personnes au nord du Nigéria. Le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë pourrait passer à 23.6 millions au cours de la prochaine période de soudure (juin-août 2021), atteignant un nouveau pic, alerte l’ONU.

Dans les semaines à venir, la mobilisation politique et financière recommandée par le Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) devrait permettre de développer des réponses appropriées face à cette crise alimentaire et nutritionnelle inédite qui se dessine. L’ensemble des documents est disponible sur le site du RPCA.

V.A.

Afriquinfos

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