Le vice-président Mike Pence refuse d’utiliser le 25e amendement

Le vice-président Mike Pence refuse d’utiliser le 25e amendement contre Donald Trump, ouvrant la voie à une procédure d’impeachment
Le président américain a, lui, répété que son virulent discours ayant précédé les émeutes au Capitole était « tout à fait convenable ».

Six jours après les émeutes au Capitole qui ont sidéré l’Amérique et le monde, mercredi 6 janvier, le vice-président Mike Pence a finalement rompu le silence. Pressé par les démocrates d’invoquer le 25e amendement de la Constitution – qui permet de déclarer le président inapte à l’exercice de ses fonctions – le vice-président a mis un terme à l’incertitude qui régnait, dans une lettre envoyée, mardi 12 janvier, à la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.
« J’estime qu’un tel acte n’est pas dans le meilleur intérêt de notre nation ni ne correspond à la Constitution », a écrit Mike Pence, juste avant un vote à la chambre basse sur une résolution lui exigeant d’employer ce levier inédit dans l’histoire américaine. Sa réponse négative garantit que les démocrates soumettront dès mercredi à l’examen de la Chambre l’acte accusant Donald Trump d’avoir « incité à l’insurrection » lors des violences contre le Capitole, dans une historique deuxième procédure d’« impeachment ».

Ce vote marquerait l’ouverture formelle de la seconde procédure de destitution contre le 45e président des Etats-Unis mais le doute demeure sur le déroulement et l’issue du procès qui devra ensuite avoir lieu au Sénat, aujourd’hui à majorité républicaine. Les démocrates prendront le contrôle de la chambre haute le 20 janvier, mais auront besoin du ralliement de nombreux républicains pour atteindre la majorité des deux tiers nécessaire à sa condamnation.

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« Chasse aux sorcières »
Un peu plus tôt dans la journée de mardi, le président sortant avait estimé que la procédure d’impeachment (mise en accusation) sur le point d’être lancée contre lui par les démocrates était « totalement ridicule » et provoquait « une immense colère » chez ses partisans.

« C’est la poursuite de la plus grande chasse aux sorcières de l’histoire. (…) Cela provoque une immense colère », a déclaré M. Trump depuis les jardins de la Maison Blanche. « Je ne veux pas de violence », a-t-il ajouté lors de cette première déclaration à la presse depuis le 6 janvier. Accusé par les démocrates d’avoir « incité » le déchaînement de violence, M. Trump, qui s’exprimait devant des journalistes avant son départ pour Alamo, dans le sud du Texas, a assuré que son virulent discours juste avant l’invasion du Congrès par ses supporteurs était « tout à fait convenable ».

Arrivé sur place, il a tenu un discours à la tonalité contrastant singulièrement avec celui, très agressif, prononcé devant ses sympathisants juste avant l’assaut du Capitole : « Le temps de l’apaisement est venu pour notre pays, le temps de la paix et du calme », a notamment déclaré le président américain.

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Des « centaines d’inculpations » à venir après les violences
Le ministère américain de la justice a déclaré, mardi, anticiper des « centaines d’inculpations », dont certaines pour « sédition », après les violences au Capitole. Les chefs d’inculpations retenus pour l’instant étaient les plus simples, pour agir rapidement, mais « nous envisageons de retenir des crimes majeurs comme la sédition et la conspiration », a détaillé le procureur fédéral de Washington, Michael Sherwin, lors d’une conférence de presse.

Dans le même temps, le Washington Post a publié une note interne du Federal Bureau of Investigation (FBI) soulignant qu’un rapport sur l’organisation et les menaces d’actions violentes au Capitole, le 6 janvier, avait été validé dès la veille et envoyé à plusieurs membres de l’agence, dont certains de ses représentants dans la capitale fédérale, Washington. Selon cette note, des discussions repérées en ligne demandaient notamment aux participants « d’arrêter d’appeler [le rassemblement] un défilé, un rassemblement, ou une manifestation. Allez-y préparés pour la guerre ».

Le locataire de la Maison Blanche, qui quittera le pouvoir dans huit jours, a par ailleurs estimé que les réseaux sociaux tels que Twitter, qui ont suspendu son compte, faisaient « une erreur catastrophique ». « Ils nous divisent, ils démontrent ce que j’ai prédit il y a bien longtemps, ils font une terrible erreur qui sera très très mauvaise pour notre pays, ça en entraîne d’autres à faire la même chose », a dénoncé le président sortant.

Ce qui n’a pas empêché le site YouTube, propriété de Google, de suspendre pour « au moins sept jours » la chaîne de Donald Trump et en a supprimé une vidéo pour motif de violation de sa politique luttant contre l’incitation à la violence.


Le Monde avec AFP

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