Les opposants à la domination coloniale sur le monde musulman

Les opposants à la domination coloniale sur le monde musulman.

La domination coloniale sur le monde musulman ne se fait pas sans heurts et de nombreuses personnalités émergent pour lutter contre l’oppression.

Ferhat Abbas

Il nait en 1899 à Taher dans une famille paysanne kabyle et meurt en 1985 à Alger, il est le fondateur de l’Union Démocratique du Manifeste Algérien (UDMA).

Membre du FLN durant la guerre d’Algérie, il est le premier président du gouvernement provisoire de la République algérienne de 1958 à 1961 et est élu à l’indépendance du pays, président de l’Assemblée nationale constituante devenant ainsi le premier chef d’État de la République algérienne démocratique et populaire. Son engagement est constant et déjà, alors qu’il étudie à Alger, il milite au sein d’organisations étudiantes. Cependant, il est d’abord favorable à la politique d’assimilation. La seconde guerre mondiale lui ouvre les yeux et Abbas se radicalise, considérant que le colonialisme est « une entreprise raciale de domination et d’exploitation ». Il publie en 1943 le manifeste du peuple algérien dans lequel il fait allusion à une « nation algérienne ».

Messali Hadj

Il nait à Tlemcen en 1898 et meurt à Gouvieux, dans l’Oise, en 1974. Hadj grandit dans une famille pauvre et pieuse. Après la première guerre mondiale, il émigre en France et épouse une française avec qui il a deux enfants. Il est alors proche du Parti Communiste Français. En 1926 il est l’un des membres fondateur de l’Étoile Nord Africaine. Il réclame dés 1927 l’indépendance de l’Algérie. Suite à la dissolution de l’Étoile Nord Africaine, il fonde le Parti du Peuple Algérien (PPA) qui mène une bataille fratricide contre le FLN pour le leadership politique. Certains reprochent au PPA une politique antisémite durant les années 1930. La victoire du FLN le contraint à se retirer de la vie politique. Il est cependant considéré par beaucoup comme le père du nationalisme nord-africain.

Hassan el Banna

Cet instituteur égyptien est né en 1906 et est assassiné en 1949. Il est le fondateur des Frères Musulmans (et accessoirement le grand père de Tariq Ramadan). Issu d’une famille très pieuse, il s’illustre pour son engagement très jeune dans le religion musulmane. Il refuse d’aller étudier en Europe malgré l’obtention d’une bourse. C’est en 1928 qu’il crée l’association des Frères Musulmans et qu’il s’engage à lutter contre l’emprise laïque occidentale et contre l’imitation aveugle du modèle européen. Il prêche dans des lieux populaires le retour à la pratique religieuse et l’observance de la loi islamique. Il devient très populaire. Il n’a de cesse alors de s’engager dans le combat contre le colonialisme, tant en Égypte que dans les autres pays musulmans. Son organisation se radicalise et conduit des assassinats. Il est lui même prit pour cible, en 1949 par des partisans du roi Farouk.

Abdkrim Khattabi

Résistant marocain du Rif, il nait vers 1882 à Ajdir au Maroc et meurt en 1963 au Caire. Après avoir passé trois ans en Espagne, il devient journaliste et préconise la coopération avec les européens. En 1915 il s’oppose pourtant à la domination espagnole et est emprisonné. Après sa libération, il entame en 1919 avec son frère l’unification du Rif marocain en vue d’une indépendance de celui ci. En 1921 il entre en guerre contre l’Espagne et emporte une victoire inattendue. En 1922 il proclame la République confédérée des tribus du Rif. L’Espagne se retire, mais la France ne voit pas d’un bon œil la victoire d’indigènes sur une puissance coloniale et s’attaque aux rifains en 1925. Abdkrim fait alors face au maréchal Pétain qui commande les troupes françaises sur place. En 1926 il se rend aux Français pour éviter que les civils ne soient touchés, il n’en sera rien, l’aviation française bombarde les villages du Rif au gaz moutarde. Il s’exile alors à la Réunion avant de passer la fin de sa vie en Égypte.

Belkacem Radjef

Il nait en 1909 en Kabylie et décède à Alger en 1989. Dès 1930 il rejoint l’Étoile Nord Africaine dont il devient trésorier en 1933. Il garde ce poste lorsque l’Étoile Nord Africaine est remplacée par le PPA en 1937. Au début de la guerre d’Algérie, il rejoint le FLN au sein duquel il occupe des fonctions importantes. Suite à indépendance, en 1962, il travaille pour le gouvernement avant de se consacrer pleinement à sa nouvelle organisation, l’Association de Secours National Algérien qui lutte contre la faim et l’illétrisme.

Mustapha Kemal

Fondateur et premier président de la République turque, il nait en 1881 à Salonique et meurt à Istanbul en 1938. En réaction à l’occupation de l’Empire Ottoman par les alliés à la suite de la Première Guerre Mondiale, il se révolte et crée un second pouvoir politique à Ankara. Sous son commandement, les forces turques triomphent des armées arméniennes, françaises, italiennes et grecques, après quoi les britanniques signent un armistice et quittent le pays. Il est partisan de la séparation des pouvoirs politiques et spirituels. Après la proclamation de la République en 1923, il déplace la capitale d’Istanbul à Ankara et occidentalise le pays, il fait inscrire la laïcité dans la Constitution turque. Il se fait appelé, à partir de 1934, Kemal Atatürk.

La domination coloniale sur le monde musulman ne se fait pas sans heurts et de nombreuses personnalités émergent pour lutter contre l’oppression. Voici un rapide tour d’horizon.

Abd el Kader

Il nait en 1808 prés de Mascara en Algérie et meurt en 1883 à Damas en Syrie. Il est le symbole de la résistance à la colonisation et l’oppression française. Il combat les troupes françaises durant quinze ans lors de la conquête de l’Algérie. A partir de 1832 le titre de sultan (ou émir) lui est accordé. Il prêche alors la guerre sainte contre les Français. Il s’efforce d’unifier le nord du pays contre les colons, il y parvient en 1839 et obtient l’appui du sultan du Maroc. Ses troupes sont vaincus en 1847 et Abd el Kader est déporté en France. Il est libéré en 1852 et se réfugie en Syrie.

Cheikh Amadou Bamba

Il est né en 1853 à Mbacké et meurt en 1927. Musulman sénégalais, il écrit sur la méditation, les rituels et les études coraniques. Il prêche la paix. Il fonde la ville de Touba en 1887 avant d’être arrêté par les autorités coloniales et exilés au Gabon. Il retourne à Dakar en 1902 où il est acclamé par la foule. Il est à nouveau arrêté en 1903 et déporté en Mauritanie. Après 1910, les autorités françaises changent de stratégie et coopère avec lui. Il lance le chantier de la Grande Mosquée de Touba en 1926. Il est l’une des figures les plus importantes de l’Islam en AOF.

Habib Bourguiba

Né en 1903 à Monastir, il y meurt en 2000. Homme d’État tunisien, il est président de la République tunisienne de 1957 à 1987. C’est un avocat formé en France où il se marie à une française qui lui donne un fils. A son retour au pays, il fréquente les milieux nationalistes et milite au Destour. Il fonde en 1934 le Néo Destour, fer de lance du mouvement pour l’indépendance de la Tunisie. Il est arrêtés et exilé à plusieurs reprises. Il parcourt le monde pour plaider la cause de l’indépendance de la Tunisie, y compris à New-York, au siège des Nations Unis en 1946. Il obtient l’indépendance de son pays et en devient le premier président.

Mohamed Ben Youssef

Il est né en 1909 à Fès et meurt en 1961 à Rabat. Alors sultan (depuis 1927), il soutient en 1944 l’Istiqlal, principal mouvement indépendantiste du Maroc et réclame l’indépendance lors du discours de Tanger en 1947. Par conséquent, la France, dans le cadre du protectorat, le dépose en 1953 et le contraint à l’exil. Après être passé par la Corse et par Madagascar, il signe un accord avec les Français et rentre au Maroc où il est acclamé par la foule. En 1956, le Maroc devient indépendant et Ben Youssef artisan de cette émancipation, en devient roi sous le nom de Mohamed V. Il signe alors un traité d’amitié avec la France.

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