Mauritanie : Ould Abdel Aziz inculpé !

Mauritanie : Ould Abdel Aziz inculpé !

Corruption, blanchiment d’argent, enrichissement illicite, dilapidation de biens publics, octroi d’avantages indus et obstruction au déroulement de la justice. Telles sont les charges retenues contre l’ancien président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a été inculpé le jeudi 11 mars 2021.

Selon un communiqué du parquet, Mohamed Ould Abdel Aziz a été mis sous “contrôle judicaire poussé” avec 10 co-prévenus dont deux anciens Premiers ministres. L’enquête financière, précise le communique du parquet, a permis “de découvrir, de geler et saisir des biens mobiliers et immobiliers provenant de plusieurs crimes.”

Des biens gelés estimés à 100 millions d’euros. Le parquet note que cette somme représente seulement ce qui a été déjà découvert en Mauritanie. Ce qui sous-entend donc la possibilité de biens dissimulés au-delà des frontières mauritaniennes.

C’est pourquoi la justice du pays entend “rechercher et recouvrer par tous les moyens, y compris les facilités offertes par l’entraide judiciaire internationale, des biens frauduleusement acquis.”

L’inculpation de Mohamed Ould Abdel Aziz est le résultat du travail d’une commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur la gestion des biens publics pendant la décennie qu’il a passée à la tête de l’Etat.

Si le procureur n’a pas requis le placement sous mandat de dépôt de l’ancien président et des autres suspects, c’est en raison de la longueur prévisible des investigations, a dit le parquet dans un communiqué. Il a aussi invoqué les modalités de récupération des biens publics spoliés selon lui, sans préciser en quoi un mandat de dépôt aurait compliqué cette récupération.

L’enquête financière menée parallèlement à celle de la police a permis d’identifier et de geler ou saisir des sociétés, des immeubles et appartements, des parcs de véhicules, des sommes d’argent, rien qu’en Mauritanie, dit le parquet. Ces biens sont évalués sommairement à l’équivalent de 96 millions d’euros, dont 67 millions revenant à l’un des suspects et 21 au gendre de celui-ci, a dit le parquet sans préciser s’il faisait référence à l’ex-président et son gendre.

Une liste de chefs d’inculpation qui s’allonge

L’enquête financière menée parallèlement à celle de la police a permis d’identifier et de geler Après plus de dix ans au pouvoir entre 2008 et 2019, cette inculpation représente une nouvelle étape de la chute de Mohamed Ould Abdel Aziz sous son successeur Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, son ancien chef de cabinet et ministre, dont il avait pourtant préparé l’accession à la présidence. Mohamed Ould Abdel Aziz crie au “règlement de comptes”. Son successeur a constamment invoqué l’indépendance de la justice.

“La liste des chefs d’inculpation dressés contre lui (l’ex-président) par le parquet et sur lesquels le juge d’instruction doit statuer et enquêter est longue”, avait dit dans la journée une source proche du parquet sous le couvert de l’anonymat. Elle “comporte notamment la corruption, le blanchiment d’argent, l’enrichissement illicite, la dilapidation de biens publics, l’octroi d’avantages indus et l’obstruction au déroulement de la justice”, selon la même source.

La justice est saisie depuis août 2020 du rapport d’une commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur des faits présumés de corruption et de détournement de fonds publics pendant les années de pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz. La commission s’est penchée sur plusieurs aspects : gestion des revenus pétroliers, vente de domaines de l’État, liquidation d’une société publique assurant l’approvisionnement du pays en denrées alimentaires ou activités d’une société chinoise de pêche.

Arrivé au pouvoir par un coup d’État militaire, Mohamed Ould Abdel Aziz a été élu en 2009 et réélu en 2014 président de ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest de 4,5 millions d’habitants. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, son dauphin, a été élu à sa succession en juin 2019.

Depuis, l’ex-président a perdu en décembre 2019 la direction de l’Union pour la République (UPR), parti qu’il a fondé. En août 2020, il a été interrogé plusieurs jours par les policiers et est ressorti privé de son passeport.

MS

Source: Journal l’Aube- Mali via mali-web

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