Ouverture d’une représentation US : Le forcing de Trump, mais après ?

Les Etats-Unis ont ouvert, hier dimanche, une représentation à Dakhla au Sahara occidental. L’inauguration de ces locaux qui devraient abriter un futur consulat, dont la date de mise en service n’est pas encore connue, intervient à moins d’une dizaine de jours avant l’arrivée à la Maison-Blanche du président élu Joe Biden.

Elle est une suite à l’annonce, le 22 décembre dernier, par le président américain sortant Donald Trump de reconnaître la «souveraineté» du Maroc sur le territoire contre une normalisation des relations du royaume avec Israël. Cette «reconnaissance» s’est faite au mépris du droit international et des résolutions des Nations unies, qui plaident pour une solution de décolonisation du territoire dont une partie est redevenue depuis l’annonce de la fin du cessez-le feu en vigueur depuis 1991 par le Polisario, en novembre 2020, le théâtre de guerre au niveau de la zone de Guerguerat, frontalière de la Mauritanie.
L’inauguration de cette représentation s’est faite en présence du chef de la diplomatie marocaine Nacer Bourita, du secrétaire d’Etat adjoint pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord, David Schenker, et de l’ambassadeur des Etats-Unis à Rabat David Fischer.
Le processus «prendra des mois», dira M. Fischer, alors que lui et le secrétaire d’Etat adjoint, M. Schenker, ne seront plus en poste. Ils partiront tous les deux dans les bagages du président Trump, qui quittera le pouvoir le 20 janvier prochain s’il n’est pas rattrapé d’ici là par une procédure de destitution comme le souhaite le camp démocrate au Congrès après l’incident du 6 janvier dernier. Si David Schenker a parlé hier de «jour historique», au cours d’un point de presse, la joie de Rabat n’est pas totale et le sort de ce consulat à venir dépendra de la décision du prochain chef de la Maison-Blanche, le président élu Joe Biden.
Selon David Schenker, lors de son passage à Alger, les Etats-Unis considèrent que les négociations à faire «devraient avoir lieu dans le cadre du plan d’autonomie marocain», rappelant la thèse de l’administration Trump contre le plan onusien d’un référendum pour l’autodétermination. Pour ce responsable américain, le statu quo au Sahara occidental «n’a pas fonctionné» et «n’a profité à personne». «L’administration (américaine) a fait un pas vers une solution plus sérieuse, plus réaliste et plus crédible au conflit au Sahara occidental. Je pense donc que trouver une solution nécessite des approches audacieuses, créatives et peu orthodoxes du problème, et c’est ce que l’administration a fait», a-t-il soutenu, reprenant un récit déjà entendu chez le conseiller du président américain sortant, Jared Kushner, artisan du rapprochement marocco-israélien.
Qu’en sera-t-il lorsque le président élu Joe Biden sera aux commandes ? «Chaque administration dispose de la prérogative de décider sa politique étrangère», avait indiqué David Schenker à Alger, précisant cependant que son pays n’établira pas de base militaire au Sahara occidental. D’ici-là, ce que l’on a observé hier à Dakhla est un forcing de l’administration Trump à faire la politique du fait accompli contre les décisions de l’ONU. De l’accord qu’elle a signé avec Rabat, on évoque une enveloppe de trois milliards de dollars débloquée par la Banque américaine de développement (DFC). Un montant destiné au «soutien financier et technique de projets d’investissements privés» au Maroc et en Afrique subsaharienne. S’y ajoute un milliard de dollars (818 millions d’euros) pour l’entrepreneuriat féminin dans la région par l’intermédiaire de l’initiative «2X Women Africa», financée par la DFC. A suivre. n

ReportersDZ

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