Tempête Miguel : « immense émotion » chez les sauveteurs

Les conditions météorologiques très dégradées liées à la tempête qui balaie le littoral vendéen ont fait chavirer une embarcation de la Société nationale de sauvetage en mer.

Trois sauveteurs de la Société nationale du sauvetage en mer (SNSM) ont péri, vendredi 7 juin, lors d’une opération de secours au large des Sables-d’Olonne (Vendée).

Issus du milieu de la mer, les deux quinquagénaires et un de leurs compagnons, âgé de 37 ans, étaient membres d’un équipage de sept sauveteurs bénévoles de la station locale ; leurs quatre collègues sont parvenus à regagner la terre ferme à la nage où ils ont été pris en charge par les pompiers du SDIS 85.

Vendredi, en fin de matinée, les sept sauveteurs avaient embarqué sur le SNS 061 Jack Morisseau, un canot tout temps (CTT). Dépêché par le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) Etel chargé de la zone, ce navire de 17 mètres avait appareillé pour tenter d’aider le Carrera – un bateau de pêche de 11,50 mètres qui venait de déclencher sa balise de détresse – à regagner son port d’attache des Sables-d’Olonne.

Mais le Jack Morisseau s’est retourné à environ 1,5 km de la côte alors que sévissait sur la zone un vent de sud-ouest de 41 nœuds (75 km/h) soulevant une mer forte avec des vagues de 2,50 mètres à 4 mètres. Dans ces conditions météorologique très dégradées, liées à la tempête Miguel qui balaie le littoral français depuis la nuit de jeudi à vendredi, le département de la Vendée était placé en alerte orange.

Piégés « à l’intérieur du canot »

Selon la préfecture maritime, les victimes ont été piégées « à l’intérieur du canot », qui n’était pas autoredressable. Le patron du chalutier – dont plusieurs sources ont indiqué qu’il n’était pas seul à bord – est, lui, porté disparu. Trois hélicoptères de la gendarmerie, les pompiers et la marine ont survolé et quadrillé la zone pour tenter de repérer les victimes mais ces moyens aéromaritimes n’ont permis que de localiser des débris en surface et un canot de survie vide. Le Carrera restait vendredi soir introuvable.

Les autorités préfectorales ont déclenché le Plan Novi nombreuses victimes et le Plan blanc. Le ministre de la transition écologique et solidaire, François de Rugy, s’est rendu sur place. Dans l’hémicycle silencieux de l’Assemblée nationale, la ministre chargée des transports, Elizabeth Borne, a exprimé ses condoléances et sa compassion aux familles des sauveteurs et du pêcheur disparus.

« Les CTT sont insubmersibles mais pas tous autoredressables, explique Marc Sauvagnac, directeur général de la SNSM. C’est pour notre association le drame le plus important depuis celui de l’Aber Wrach dans le Finistère en août 1986 qui avait coûté la vie à un équipage de cinq hommes engagés pour porter secours à un voilier en difficulté. »

M. Sauvagnac indique que le Jack Morisseau était le « bateau de réserve » de la station. Construit en 1986, il a été remplacé en 2016 par un autre navire, qui nécessitait une opération de maintenance vendredi. Selon lui, le Jack Morisseau était néanmoins « parfaitement opérationnel pour le sauvetage ».

Tragique disparition

« Cette disparition tragique provoque une immense émotion dans la famille des sauveteurs en mer », a déploré Xavier de la Gorce, président de la SNSM, dans un communiqué. Le parquet des Sables-d’Olonne a ouvert une enquête en recherche des causes de la mort.

Née en 1967 de la fusion de la Société centrale de sauvetage des naufragés (SCSN), proche de l’Etat, et de l’institution de sauvetage des Hospitaliers sauveteurs bretons, la SNSM est une association reconnue d’utilité publique. Elle assure gratuitement des opérations de sauvetage en mer grâce au concours d’environ 8 000 bénévoles formés au secourisme.

Destinés aux secours hauturiers, les CTT – au nombre de 41 pour tout le pays – sont les plus grandes unités de la gamme des navires de la SNSM, qui compte aussi 180 vedettes de sauvetage, trente-deux bateaux semi-rigides, ainsi que des canots pneumatiques et des jet-skis. Plus de 3 000 sauveteurs embarqués bénévoles interviennent en cas de détresse ou d’incident en mer jusqu’à 20 milles nautiques de la côte à partir des 187 stations de sauvetage permanents et des trente et une saisonnières de l’association.

Coordonnée par les Centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage (Cross), la SNSM dépend largement de la générosité publique. Elle est financée à 80 % par des ressources privées issues de dons de 100 000 particuliers et d’entreprises mécènes. Les subventions annuelles qui lui sont allouées par l’Etat ont cependant triplé depuis 2013, passant de 2 millions d’euros à 6 millions d’euros par an.

Patricia Jolly

https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/07/tempete-miguel-immense-emotion-chez-les-sauveteurs-en-mer-apres-la-mort-de-trois-marins-de-la-snsm_5473326_3244.html?

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