Université de Tidjikja : Vives protestations contre les propos du porte-parole du gouvernement

Lors du point de presse hebdomadaire du gouvernement, répondant à une question d’un journaliste relative au projet de l’université de Tidjikja, capitale régionale du Tagant, le porte- parole du gouvernement, Dr. Sidi Salem a laissé entendre que ledit projet pourrait être annulé, que le gouvernement est à la recherche d’une autre ville où édifier cet ouvrage. Et pour cause, la capitale régionale n’a pas d’eau et par conséquent, on ne peut pas y implanter une université.

Suffisant pour sortir les cadres de cette ville de leur torpeur du Ramadan. Beaucoup de ressortissants ont écrit sur leur page FB, d’autres n’ont pas manqué de protester, à travers les groupes whatsapp, contre les déclarations du porte-parole du gouvernement qui ne manqueront, selon un des notables de la ville de faire retourner dans sa tombe, l’illustre érudit Sidi Abdoullah Hadj Brahim, enterré à Ghouba -60 km au sud-est de la capitale régionale mais également le grand père de l’actuel président Ghazwani qui repose, dans un petit cimetière, non loin de l’aéroport de la ville. Des hommes qui se sont battus pour le rayonnement du savoir dans cette contrée.
Depuis le mercredi, les ressortissants deTidjikja se mobilisent pour réclamer le maintien du projet et se posent deux questions fondamentales. Le porte-parole du gouvernement a-t-il émis un avis personnel ? Ou bien a-t-il exprimé la position du gouvernement ?
Dans le premier cas, c’est une erreur monumentale et il faudra tirer les conséquences et exiger des explications de la part du ministre, estime un cadre la ville. Pour lui, celui-ci a offensé les populations de la ville et de toute la région. Comme les autres fils de ce pays, ajoute-t-il, les enfants du Tagant ont droit à l’éducation et à la formation, donc à des infrastructures appropriées.
Dans le deuxième cas, cela signifierait selon notre interlocuteur, que non seulement la diète noire qu’a vécue Tidjikja durant les dix dernières années n’est pas loin de s’arrêter. Le même ministre avait déclaré qu’entre Aziz et Ghazwani, il n’y pas de rupture, mais la continuité. On se rappelle que cette sortie avait suscité un tollé mais, rien de plus. Faudrait-il comprendre que l’actuel gouvernement ne va rien faire pour régler le problème d’eau à Tidjikja, comme ce fut le cas ailleurs? Kiffa, Nouadhibou, Nouakchott etc. ? N’aurait-il aucune considération pour les populations de cette capitale régionale, se demandent certains? Tidjikja et le Tagant font partie intégrante du pays et leurs citoyens ont droit à des infrastructures pour leur épanouissement, c’est un droit que leur garantit la Constitution, rappelle un cadre de la ville.

Problème récurrent
Dans un cas comme dans l’autre, Tidjikja se sent offensé par les propos du porte-parole du gouvernement et attend de celui-ci des explications. Les élus bougent et cherchent à rencontrer le président de la République afin d’êtreédifiés. Sur place, un sit in de protestation (ftour) s’est tenu sur la place de l’indépendance. Même les structures locales de l’UPR se sont jointes au concert de protestation, ce qui apparemment n’a pas été bien apprécié par la direction du parti à Nouakchott.

C’est vrai que la ville de Tidjikja connaît, depuis des années déjà, un sérieux problème d’approvisionnement en eau et pour les populations et pour l’agriculture sous palmiers ; les années de sécheresse successives ont fini par assécher les nappes phréatiques de l’oued. Il faut aller jusqu’àprès de 100m pour espérer tomber sur une nappe.
Résultat, l’oued qui constitue le fondement économique de la ville est en train de disparaître. Les différents projets et études réalisées dans la zone sont restés sans effet ou presque. Lors de son premier mandat (2007 -20012) à la tête de la commune, le maire de Tidjikja, Mohamed Biha, soutenu par les cadres et notables de la ville, a fait un important plaidoyer auprès des structures de l’Etat pour régler le problème d’eau. Il réussit à désenclaver l’oued en amont et en aval de la ville, par des pistes et à l’électrifier.
Réélua la tête de la commune en 2018, il continue à se battre avec un groupe thématique Eau, créé pour cet objectif;présidé par le grand notable, Mohamed Abdallahi ould Zein et qui comprend des spécialistes en eau. Il travaille à régler le problème récurrent d’eau dans l’oued. Les différents projets (Etudes Tagant, Projet Oasis, PGRNP, PARP..) n’ont pas eu l’impact espéré sur la ville et son oued en termes de recherche en eau qui demeure la première doléance des maires et des populations, à chaque fois qu’un président de la République effectue une visite à Tidjikja.
Les différents festivals des dattes organisés par la mairie de Tidjikja sous ould Biha ont permis aux ressortissants de la ville de débattre de la question, à travers des tables rondes, des journées de réflexions et de formuler des recommandations à l’Etat dont la réaction se fait toujours attendre.
Rappelons que Tidjikja a été fondée en 1660, qu’elle a été classée au patrimoine national, le 31 juillet 2015 et au patrimoine islamique (ISESCO). L’ASG se bat pour son inscription de la Douera, première Mahadra au patrimoine de l’UNESCO. La ville compte près de 6000 manuscrits, répartis entre une trentaine de bibliothèques familiales. La Douera (Mahadra) fut un foyer de promotion du savoir et de la culture islamique dont le rayonnement dépassait les frontières de la Mauritanie.

Le calame

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